Les Bélarusses élisaient dimanche leurs députés lors d'un scrutin clé qui pourrait marquer un virage de cette ex-république soviétique, au régime très autoritaire, vers l'Union européenne, s'il présente quelques progrès démocratiques.

L'opposition a d'ores et déjà dénoncé ces élections comme non démocratiques et envisage de manifester dès la fermeture des bureaux de vote à 13H00 (HAE).

«Il est évident que ces élections ne peuvent être reconnues comme honnêtes et justes sous aucun critères. Nous n'en reconnaîtrons pas les résultats», a déclaré à l'AFP le leader du Parti citoyen uni Anatoli Lebedko.

«L'opposition actuelle ne demeurera que quelques mois ou quelques années», «elle ne représente qu'elle-même», a déclaré dimanche le président Alexandre Loukachenko cité sur le site Internet du journal Nacha Niva.

«Une véritable opposition, qui influe sur la vie de la société est toujours nécessaire, sans cela c'est la stagnation», a ajouté le président, qui règne sans partage depuis 14 ans sur cette ex-république soviétique de 10 millions d'habitants. «Mais ce n'est pas cette opposition (...) financée à 100% de l'extérieur», a-t-il lancé.

Cette année, 263 candidats, dont 70 de la coalition d'opposition, se présentent pour 110 sièges à la chambre basse. En 2004, ils étaient 690 dont 250 de l'opposition.

Le taux de participation était de 50,3% à 14h00 locales (7h00 HAE) selon les derniers chiffres donnés par la Commission électorale centrale.

Les électeurs étaient peu nombreux tout au long de la matinée dans les bureaux de vote, ont constaté des journalistes de l'AFP. «Aujourd'hui, les gens votent mollement, une centaine de personnes seulement jusqu'à midi», a dit à l'AFP une observatrice du Parti communiste au bureau de vote 503 de la capitale Minsk.

Dans le bureau de vote N°446 près du centre historique de Minsk, un couple âgé était là bien en avance. «Nous sommes habitués au pouvoir soviétique, nous sommes disciplinés», a expliqué à l'AFP Nikolaï Zelenkevitch, 82 ans, qui a enseigné pendant 37 ans l'économie et la technologie.

Nikolaï Lougovtsov, 27 ans, journaliste sportif à la télévision, estime pour sa part que «les gens normaux ne peuvent pas voter pour un candidat qui a été placé là par (le président bélarusse Alexandre) Loukachenko».

«C'est ça notre pays, la dernière dictature de l'Europe», lance-t-il.

Des fraudes massives sont à craindre pendant les cinq jours de vote anticipé, notent opposants et observateurs bélarusses. Cette option est prévue par la loi pour ceux qui ne pouvaient pas se rendre aux urnes dimanche. Aucune surveillance indépendante des urnes pendant la nuit n'a été prévue pendant cette période, elles sont gardées par des policiers.

Le vote anticipé, qui s'est déroulé de mardi à samedi, représente 26% des électeurs inscrits, a indiqué Lidia Ermochina, présidente de la commission électorale centrale.

Dans les bureaux 447 et 448, deux observateurs ont dit à l'AFP que les présidents des commissions électorales avaient refusé de leur communiquer le nombre d'électeurs inscrits. Cette information a en revanche a été donnée à l'observateur occidental qui s'est rendu sur place, a constaté une journaliste de l'AFP.

«On refuse de nous donner le nombre d'inscrits, nous soupçonnons que cela est fait sciemment pour falsifier le taux de participation», dit à l'AFP Larissa Kozel, observatrice du Parti conservateur chrétien. Son collègue du bureau voisin a émis la même plainte.

Ce scrutin est vu par les Occidentaux comme un test de la volonté d'ouverture du président Alexandre Loukachenko, qualifié par les États-Unis de «dernier dictateur d'Europe».

L'Union européenne a promis une levée des sanctions qui empêchent notamment 40 responsables dont le président Loukachenko de voyager dans les pays de l'UE si «des progrès» vers la démocratie sont constatés dans le déroulement du vote.