La ministre britannique de l'Intérieur Jacqui Smith a présenté jeudi le prototype de la carte d'identité biométrique qui sera délivrée à partir de novembre aux résidents étrangers non européens, puis à terme aux Britanniques.

Cette carte d'identité controversée, de couleur rose et bleue et de la taille d'une carte de crédit, montrera la photo de son détenteur, son nom et son statut au regard des lois d'immigration. Au dos, figureront sa date de naissance, son genre et sa nationalité.Grâce à une puce électronique, elle contiendra également les caractéristiques biométriques de l'individu, dont les empreintes digitales et une image digitale du visage.

Ces cartes d'identité aideront à lutter «contre les fraudes à l'identité et le travail illégal, à réduire le recours à des identités multiples dans le crime organisé et le terrorisme, à sévir contre ceux qui tentent d'abuser de leur position et permettront plus facilement aux gens de prouver» leur identité, a déclaré Mme Smith lors d'une conférence de presse.

Dès le 25 novembre, cette carte - payante - commencera à être délivrée aux étrangers non issus d'un Etat membre de l'Union européenne. Les étudiants seront les premiers concernés. Le gouvernement escompte que 90% des étrangers en seront dotés d'ici 2014/2015.

Le principe de la carte d'identité est vivement dénoncé par les associations de défense des libertés civiques. Sous leur pression, le gouvernement avait dû retarder la date d'entrée en vigueur de cette carte pour les Britanniques, initialement prévue dès 2010, et surtout renoncer, au moins provisoirement, à son caractère obligatoire.

La capacité du gouvernement à gérer le système a de plus été mise en doute par une série de scandales récents sur la disparition de données individuelles, notamment, en novembre 2007, la perte par les services fiscaux de deux cédéroms contenant les données confidentielles de 25 millions de Britanniques.

Les Britanniques n'ont actuellement pas de carte d'identité. Ceux qui voyagent sont dans l'obligation d'avoir un passeport.

La nouvelle carte sera obligatoire, à partir de 2009, pour les Britanniques et résidents européens travaillant dans des secteurs «sensibles», comme les aéroports, soit environ 200 000 personnes.

En 2010, elle sera proposée, sur la base du volontariat, aux jeunes et aux étudiants.

A partir de 2011/2012, les Britanniques commenceront lors de leur demande ou renouvellement de passeport à donner leurs détails biométriques, qui seront stockés sur le fichier national des cartes d'identité. Mais il leur sera possible de refuser la carte, le passeport étant suffisant.

Entre 50.000 et 60.000 cartes devraient être émises d'ici mars 2009, le gouvernement tablant sur un million délivrées annuellement à partir de 2010. Ce processus ne doit pas s'achever avant fin 2017.