Le président Boris Tadic se rend dimanche à New York pour plaider devant l'Assemblée générale de l'ONU en faveur de l'adoption de l'initiative de la Serbie visant à obtenir l'opinion de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de l'indépendance du Kosovo.

Belgrade a déployé ces dernières semaines d'importants efforts diplomatiques à cet effet, exprimant l'espoir qu'une opinion de la CIJ favorable à ses thèses permettrait un jour de revenir à la table des négociations sur le statut du Kosovo.

Une majorité doit se dégager à l'Assemblée générale de l'ONU pour que celle-ci demande à la CIJ de se prononcer sur la requête serbe.

La Serbie n'a pas reconnu l'indépendance du Kosovo proclamée le 17 février et considère toujours le Kosovo comme l'une de ses provinces.

La CIJ juge les différends entre les Etats, mais ses avis, qui peuvent demander plusieurs années avant d'être rendus, ne revêtent pas un aspect coercitif.

M. Tadic, accompagné du ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic, doit prononcer mardi un discours devant l'Assemblée générale et plus de 30 rencontres sont prévues avec des représentants des pays membres des Nations Unies, selon un communiqué de la présidence.

Avec cette initiative, la Serbie vise à mettre la question du Kosovo sur le «terrain juridique» car les «principaux arguments de la Serbie (contre l'indépendance du Kosovo) s'appuient sur le droit international», a déclaré M. Tadic.

Quarante-sept pays ont reconnu jusqu'ici l'indépendance du Kosovo, dont la majorité des pays de l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis. La Russie soutient en revanche les thèses de Belgrade.

Pour la Serbie, la proclamation d'indépendance du Kosovo par les autorités de Pristina constitue «une violation de la Charte de l'ONU et des autres documents clés du système juridique international».

Une opinion de la CIJ favorable aux analyses de Belgrade permettrait «de trouver de nouvelles possibilités afin d'ouvrir un dialogue» avec Pristina, a estimé M. Tadic.

«Nous nous attendons à ce que l'opinion de la CIJ démontre que l'indépendance du Kosovo a été proclamée contrairement au droit international. Le Kosovo devra alors choisir: rester dans une position non-définie ou retourner à la table des négociations», a renchéri M. Jeremic dans une interview diffusée dimanche par le quotidien Politika.

Boris Tadic a néanmoins reconnu, dans une déclaration à l'agence Tanjug, que le résultat du vote sur l'initiative de Belgrade restait «incertain».

«Un grand travail nous attend, nous essaierons de persuader lors de rencontres directes le plus grand nombre de pays membres de l'ONU de soutenir notre initiative», a-t-il déclaré.

Selon M. Jeremic, la Serbie est confrontée aux «réticences acharnées de certains pays très puissants» et «un grand nombre de pays est vulnérable aux pressions».

A Pristina, les leaders kosovars albanais ne semblaient pas vouloir s'inquiéter de l'initiative de Belgrade.

Le président Fatmir Sejdiu a estimé que «l'initiative de la Serbie n'obtiendrait pas le soutien» de l'ONU, dans une interview au quotidien Express.

«Le processus d'indépendance du Kosovo s'appuie sur les principes internationaux. Il jouit du soutien international et nous ne sommes pas inquiets», a-t-il dit.

Toutefois, Ramush Haradinaj, le leader du principal parti d'opposition kosovar, a reproché aux autorités de Pristina de ne pas avoir «pris au sérieux» l'initiative de Belgrade.

«Elle montre que la Serbie a l'initiative en ce moment. Au lieu d'un débat sur la candidature du Kosovo pour l'adhésion à l'ONU, une toute autre discussion aura lieu à l'Assemblée générale. L'initiative serbe aurait du être prise très au sérieux dès le début», a-t-il déclaré à la presse kosovare.