Le Premier ministre britannique Gordon Brown a reconnu dimanche avoir commis des «erreurs», il a promis de s'employer à «mieux faire» mais a fermement exclu de démissionner, jugeant irresponsable de «jeter l'éponge» en pleine crise économique.

Interrogé en direct sur la BBC télévision au deuxième jour du congrès du Labour à Manchester (nord-ouest), M. Brown a intensifié son offensive contre les rebelles du parti qui réclament un vote sur son nom.

«Je veux mieux faire, évidemment que je veux mieux faire (...) je veux toujours mieux faire», a-t-il affirmé, interrogé pour savoir s'il comptait répondre aux appels au changement venant de sa base, qui le tient en grande partie responsable de la chute spectaculaire du parti dans les sondages.

Pressé de dire s'il endossait une partie de cette responsabilité, M. Brown a fini par lâcher: «vous m'avez demandé si on a fait des erreurs et j'ai répondu oui». Reconnaissez-vous en avoir fait vous-même, a insisté le journaliste. «Oui», a répondu le chef du gouvernement.

Quelles erreurs ? Le Premier ministre n'en concèdera qu'une: l'abolition hâtive du plus faible seuil d'imposition fiscal, qui avait pesé sur les ménages les plus modestes. Face au tollé, le gouvernement avait dû annoncer des mesures d'aide d'urgence en mai dernier, à hauteur de 3,4 milliards d'euros.

Mais après cet embryon de mea culpa, l'ancien ministre des Finances de Tony Blair, qui lui a succédé en juin 2007 sans élection, s'est empressé de défendre son bilan en matière économique.

«En ces temps de crise financière internationale, il se trouve que j'estime être plus apte que peut-être n'importe qui à gérer tout cela», a-t-il ajouté, attaquant ainsi les Conservateurs de David Cameron.

Il a rappelé au passage qu'il se rendrait aux Etats-Unis dès mercredi, au lendemain de son discours très attendu devant le congrès, pour discuter avec le président américain George W. Bush et d'autres dirigeants occidentaux des moyens d'assainir le système financier au niveau mondial.

Le Premier ministre a exclu toute démission.

«On ne serait pas à la hauteur des attentes des gens si on s'en allait subitement en disant "on jette l'éponge"», a poursuivi le chef du gouvernement. Serez-vous encore à la tête du gouvernement à Noël, ose le journaliste. «Bien sûr», rétorque M. Brown.

Plusieurs sondages publiés dimanche pourraient toutefois tempérer cet optimisme.

Selon une enquête menée par PoliticsHome.com pour l'Observer, les travaillistes seraient laminés en cas d'élection générale -prévue au plus tard en mai 2010-, les Conservateurs obtenant une majorité de près de 150 sièges à la chambre des Communes.

Selon un autre sondage Yougov publié par le Sunday Times, 60% des membres du Labour estiment que leur parti ne peut gagner les prochaines élections avec Gordon Brown à leur tête. Et ils plébiscitent le jeune et fougueux ministre des Affaires étrangères, David Miliband, pour lui succéder.

Lueur d'espoir pour M. Brown, une troisième enquête Comres publiée par l'Independent on Sunday crédite le Labour d'une légère remontée dans les intentions de vote, réduisant à 12 points l'écart avec les Tories.

Selon la presse, les contestataires auraient accepté une sorte de «cessez-le-feu» pendant le congrès, pour ne pas déstabiliser le gouvernement en pleine crise financière. Seule une douzaine d'élus, dont un sous-ministre qui a démissionné, ont réclamé un vote sur le leadership du Labour. Il en faudrait plus de 70 pour obliger le parti à organiser un scrutin.

Mais l'accalmie pourrait être de courte durée: une nouvelle élection partielle, début novembre en Ecosse, pourrait voir le Labour perdre un nouveau bastion. Le cas échéant, la probable trêve de Manchester risque de voler en éclat, prédisent plusieurs commentateurs.