(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé vendredi la communauté internationale à se mobiliser pour lutter contre le fentanyl, un opiacé qui fait des ravages notamment aux États-Unis.

« Après avoir saturé le marché américain, des organisations criminelles transnationales cherchent à présent à étendre leurs profits ailleurs », a déclaré M. Blinken en ouvrant une réunion ministérielle à Washington rassemblant, virtuellement, plus de 80 pays.

« Si nous n’agissons pas promptement ensemble, d’autres villes à travers le monde paieront un prix catastrophique », à l’image de ce qui se passe aux États-Unis, a-t-il ajouté.

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Le secrétaire d’État américian Antony Blinken

La coalition internationale est censée lutter contre la fabrication et le trafic illicite de ces drogues de synthèse.

Le fentanyl est un puissant analgésique opioïde, dont le détournement en tant que drogue est responsable de la mort de milliers de personnes aux États-Unis chaque année.

Selon des données officielles, quelque 110 000 personnes sont mortes d’une overdose en 2022 aux États-Unis, dont « les deux tiers » à cause des opioïdes de synthèse, un record.

Pékin est particulièrement dans le viseur car, selon des experts, des composés chimiques nécessaires à la fabrication du fentanyl continuent d’être exportés de Chine vers le Mexique et l’Amérique centrale, avant d’entrer sur le territoire des États-Unis.

La Chine a pourtant interdit les exportations de fentanyl vers les États-Unis en 2019.

Pékin a décliné l’invitation à participer à la réunion ministérielle de vendredi, furieuse des sanctions américaines visant des entreprises chinoises.

La justice américaine a en effet récemment inculpé quatre entreprises chinoises et huit de leurs employés pour avoir fait entrer aux États-Unis les composants nécessaires à la fabrication du fentanyl.

La Chine « s’oppose fermement aux attaques visant d’autres pays ou l’imposition de sanctions unilatérales contre d’autres pays au nom de la lutte contre la drogue », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

Un haut responsable du département d’État, Todd Robinson, a toutefois assuré que les États-Unis verraient d’un bon œil une participation ultérieure de la Chine à cette coalition.

Pour le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Park Jin, la pandémie de COVID-19 a montré la nécessité d’une coordination mondiale pour lutter contre les épidémies, dont celles liées aux drogues.

« Nous étions fiers d’être pendant un temps un pays sans drogues. Pourtant, aujourd’hui, nous constatons une augmentation significative de la consommation de drogues surtout auprès de notre jeunesse », a-t-il dit lors de la réunion.

La coalition, qui doit aussi se pencher sur une autre drogue, le captagon, qui inonde les marchés du Moyen-Orient et du Golfe, fera un premier bilan de ses travaux en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, mi-septembre à New York.