(Washington) Un campement de plusieurs dizaines de sans-abri établi au cœur de la capitale américaine Washington, à environ 300 mètres de la Maison-Blanche, a été évacué mercredi par les autorités.

Sous les regards de nombreux journalistes et de badauds en costume-cravate, des agents en combinaison blanche et masque sanitaire poussaient tentes de fortune et affaires personnelles dans des camions poubelles sur un square McPherson désormais grillagé, au pied des ministères de la première puissance mondiale.

« La police s’est pointée vers 6 h du matin », a raconté à l’AFP Daniel Kingery, l’un des derniers sans domicile fixe à refuser de quitter le parc devenu un symbole de la misère sociale d’une ville incarnant le pouvoir et les élites. De nombreux autres « ont ramassé leurs affaires et sont partis ».

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Cet homme de 61 ans à la longue barbe blanche, sans chaussures aux pieds, assure avoir été le premier, il y a environ trois ans, à camper sur ce jardin public, avant qu’il ne devienne l’un des plus importants de la capitale, en raison notamment de l’évacuation ailleurs d’autres campements.

En novembre, les autorités avaient annoncé prévoir une évacuation du square McPherson en avril, une opération finalement avancée à mercredi « pour des raisons de santé et de sécurité et parce que la croissance du campement menaçait l’efficacité de l’aide des services sociaux, » selon un communiqué du service fédéral des parcs nationaux (NPS), responsable de nombreux espaces verts de la capitale.

Daniel Kingery a dit à l’AFP ne pas vouloir s’orienter vers les refuges pour sans-abri, « dont on m’a dit qu’ils étaient plus violents que ce parc ne l’a jamais été ».

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Honte »

Dès le petit matin, « nous avons vu de nombreuses personnes avoir peur, inquiets de savoir où aller, (parce qu’ils) ne savent pas où ils vont aller » désormais, a relaté à l’AFP depuis le bord du square Amanda Misiko Andere, directrice de l’association Funders Together to end homelessness.

« Nous devrions avoir honte qu’à une rue de la Maison-Blanche, à une rue d’un gouvernement qui avait déclaré faire du logement sa priorité, ils n’aient pas pu fermer un campement d’une manière humaine, c’est-à-dire avec un chemin vers un logement », a-t-elle ajouté.  

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les services de la ville à très forte majorité démocrate assurent avoir proposé des solutions de relogement temporaire à certains des sans-abri du square, qui les ont parfois refusées.

« Deux personnes, qui ont refusé toute assistance sociale offerte par (la municipalité de Washington), ont au bout du compte refusé de quitter le parc et ont été arrêtées », a déclaré dans la soirée le National Park Service, dans un communiqué transmis à l’AFP, précisant qu’elles avaient été ultérieurement libérées.

Selon les derniers chiffres disponibles, quelque 5000 personnes étaient sans domicile à Washington en 2021, un chiffre plutôt en baisse même si les campements, eux, se sont multipliés.

De nombreuses grandes métropoles américaines, notamment Los Angeles et San Francisco en Californie, font face à d’importantes populations de sans-abri dans leurs centres, un dossier difficile à gérer pour les élus démocrates à leur tête.

Dans un éditorial vendredi, le Washington Post, quotidien de référence de la capitale, avait estimé qu’il était « temps d’évacuer » le square McPherson.

Celui-ci sera « restauré, et le but sera de rouvrir au public d’ici l’été », a affirmé le NPS dans son communiqué.