(Washington) Les États-Unis ont récupéré d’importantes parties de capteurs et d’électronique d’un ballon chinois abattu début février, a annoncé lundi l’armée américaine.

« Les équipes ont été en mesure de récupérer d’importants débris sur le site, y compris tous les capteurs prioritaires et les pièces électroniques identifiées ainsi que de grandes parties de la structure », a déclaré le Commandement nord-américain dans un communiqué.

Pour Washington, il ne fait pas de doute qu’il s’agissait d’un ballon espion chinois, entré sur le territoire américain depuis plusieurs jours avant d’être abattu. Pékin de son côté a assuré qu’il s’agissait d’un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques.

Ce ballon a été abattu le 4 février par un avion de chasse F-22 au large de la Caroline du Sud et des équipes ont aussitôt été déployées au large pour récupérer les débris en mer.

Les avions de chasse américains ont depuis abattu trois mystérieux objets volants, un au-dessus de l’Alaska (nord-ouest), un autre au-dessus du Yukon dans le nord-ouest canadien et le troisième au-dessus du lac Huron, dans le nord des États-Unis.

Les États-Unis et la Chine s’accusent d’espionnage

Les États-Unis ont reconnu lundi n’avoir toujours pas identifié les trois mystérieux objets volants qu’ils avaient abattus ces derniers jours, tandis que la tension monte avec la Chine autour d’accusations réciproques d’espionnage.

Signe de l’incertitude ambiante, la porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a cru devoir préciser, à l’entame lundi de son briefing quotidien, que les autorités américaines n’avaient « aucune indication d’extraterrestres ou d’activités extraterrestres ».

Pour le reste, l’exécutif américain a surtout fait savoir qu’il ne savait rien, par la voix de John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, rattaché au président Joe Biden.

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Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby

« On n’est pas certains qu’ils aient été dotés ou non d’une capacité de surveillance, mais on ne peut pas l’exclure », a-t-il dit des « objets » abattus vendredi au-dessus de l’Alaska, samedi au-dessus du Yukon dans le Nord-ouest canadien, et dimanche au-dessus du lac Huron, dans le nord des États-Unis.

Capacités radar augmentées

Venant après la destruction le 4 février d’un ballon chinois par les États-Unis, qui accusent Pékin d’avoir une véritable « flotte » d’aéronefs espions dans le monde entier, ces découvertes successives ont alimenté les spéculations sur une opération de surveillance chinoise.

« L’une des raisons pour lesquelles on en voit plus, c’est que nous les cherchons plus », a dit John Kirby pour tenter d’y répondre, en expliquant qu’après l’affaire du ballon chinois, les États-Unis avaient affiné leurs capacités radar.

Sans cela, « il est difficile de détecter des objets qui se déplacent lentement à haute altitude », a-t-il dit, faisant savoir que ceux abattus ces derniers jours semblaient se déplacer au gré du vent, sans système de propulsion ou de pilotage.

Le porte-parole de la Maison-Blanche a souligné que ce qu’il en reste, après qu’ils ont été détruits par des missiles d’avions de chasse, est retombé soit sur des eaux gelées de l’Alaska, soit dans des zones reculées du Canada, soit dans les profondeurs d’un lac, compliquant les opérations de récupération.

John Kirby a par ailleurs répété que ces mystérieux objets ne présentaient pas de « menace » militaire, mais qu’ils pouvaient mettre en danger le trafic aérien civil, ce qui a conduit le président Joe Biden à donner l’ordre de les abattre.

Quelques éléments ont malgré tout filtré. Les deux premiers « objets » détruits avaient la taille d’une petite voiture – alors que le ballon chinois était aussi gros que trois autobus – et volaient à 12 000 mètres. Celui détruit dans le Yukon était selon Ottawa de forme « cylindrique ».

« Octogonal »

Puis le Pentagone a décrit l’aéronef détruit dimanche comme « octogonal », sans nacelle, se déplaçant lentement à une altitude de 6000 mètres.

John Kirby s’est bien gardé de faire un parallèle entre ces « objets » et le ballon chinois abattu le 4 février.

« Nous savions exactement ce que c’était. Nous l’avons vu ralentir, manœuvrer, essayer d’observer ce que nous pensons être des sites militaires sensibles », a-t-il dit.

Ce que la Chine dément : elle a reconnu être propriétaire du ballon, mais le décrit comme un appareil météo ayant dérivé de manière involontaire.   

Elle a d’ailleurs fait la même affirmation, le 6 février, à propos d’un ballon survolant l’Amérique latine.

Pékin renvoie désormais à Washington ses accusations d’espionnage.

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Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin

« Rien que depuis l’année dernière, des ballons américains ont survolé [le territoire de] la Chine à plus de dix reprises sans aucune autorisation », a assuré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

« Pas vrai ! »

« Ce n’est pas vrai ! Nous ne faisons pas cela ! Ce n’est absolument pas vrai ! », a martelé lundi John Kirby, interrogé par la chaîne MSNBC.

Des médias chinois ont pour leur part rapporté dimanche qu’un objet volant non identifié avait été repéré au large de la Chine, sur sa côte est, et que l’armée se préparait à l’abattre.  

De quoi compliquer encore les relations entre la Chine et les États-Unis, qui rivalisent pour la domination économique, technologique et stratégique du monde.

Le chef de la diplomatie américaine a annulé le 3 février un voyage en Chine, et Pékin a refusé un appel entre le ministre de la Défense américain et son homologue chinois.

« Il ne faut pas en déduire que toutes les communications sont coupées et que la Chine et les États-Unis ne se parlent plus. Nous avons toujours une ambassade là-bas. Nous avons toujours la possibilité de parler à de hauts responsables chinois », a toutefois assuré lundi John Kirby.