(New York) Deux jours après les élections de mi-mandat, l’issue de la bataille pour le contrôle des deux chambres du Congrès américain reste incertaine, et pourrait le demeurer pendant des jours, voire des semaines.

Les républicains sont toujours les plus susceptibles de conquérir la Chambre des représentants : ils ont triomphé ou mènent dans 221 des 435 courses, soit assez pour s’assurer d’une majorité de trois sièges, s’ils convertissent leurs avances en victoires. De leur côté, les démocrates ont gagné ou pris les devants dans 214 courses, selon les données de l’Associated Press (AP), référence en la matière.

Au total, l’issue de plus de 30 courses à la Chambre, dont bon nombre sur la côte Ouest, n’a pas encore été décidée. Le dépouillement des votes pourrait s’étendre sur des jours, surtout en Californie, où les électeurs pouvaient envoyer leurs bulletins de vote par la poste le jour même du scrutin.

L’une des courses qui retiennent le plus l’attention du public met aux prises la représentante républicaine du Colorado Lauren Boebert, égérie de la droite trumpiste, et le démocrate Adam Frisch, ex-conseiller municipal de la ville d’Aspen. Après le dépouillement de 98 % des votes, les deux candidats sont encore au coude-à-coude.

En théorie, les démocrates ont encore des chances de réussir un exploit, à savoir défendre avec succès leur mince majorité à la Chambre. Mais les stratèges du parti reconnaissent qu’un tel scénario est assez peu probable.

En revanche, les chances des démocrates de remporter la bataille pour le Sénat sont aussi bonnes, voire meilleures que celles des républicains.

Des États à suivre

« Après le dépouillement du vote par correspondance [de mercredi] soir au Nevada, il y a de fortes chances que les démocrates aient 50 sièges au Sénat en main avant le second tour de l’élection sénatoriale de Géorgie », a estimé jeudi matin Dave Wasserman, gourou des données au Cook Political Report.

Wasserman faisait allusion à deux des élections sénatoriales qui restent à trancher. Celle du Nevada oppose l’ancien procureur général de l’État Adam Laxalt, un républicain, à la sénatrice démocrate sortante Catherine Cortez Masto. Laxalt devance de peu sa rivale.

Mais il reste encore plus de 50 000 voix à compter dans le comté de Clark, le plus populeux du Nevada, où Masto devrait faire des gains. Les responsables électoraux de ce comté, dont Las Vegas est le siège, attendent en outre les bulletins de vote qui ont été envoyés par la poste dans les derniers jours de la campagne ou le jour même des élections de mi-mandat. C’est donc dire que le résultat final de cette course pourrait ne pas être annoncé avant la semaine prochaine.

Cependant, si une tendance assez forte se dégage durant le dépouillement des votes de vendredi ou du week-end, les médias pourraient déclarer un vainqueur plus tôt. En 2020, par exemple, l’Associated Press avait déclaré Joe Biden gagnant au Nevada le 7 novembre, soit quatre jours après l’élection présidentielle.

En attendant, sans fournir de preuves, Donald Trump a accusé le comté de Clark d’avoir « un système électoral corrompu », comme c’est le cas selon lui dans « plusieurs endroits de notre pays qui fera bientôt partie du tiers monde ».

« Ils veulent plus de temps pour tricher ! », a-t-il fulminé sur Truth Social.

Dans une déclaration écrite, les responsables électoraux du comté ont dénoncé des allégations « scandaleuses ».

[Trump] est manifestement toujours mal informé sur la loi et nos processus électoraux qui garantissent l’intégrité des élections.

Responsables électoraux du comté de Clark, au Nevada

Le second tour de l’élection sénatoriale de Géorgie aura lieu le 6 décembre. Or, si le scénario évoqué par Wasserman se concrétise, ce scrutin ne sera pas déterminant dans la bataille pour la majorité au Sénat. Ce qui n’empêchera pas les millions de dollars de pleuvoir sur les deux camps au cours des prochains jours pour financer des pubs et des activités électorales.

Comme d’autres analystes, Dave Wasserman tient pour acquis que les démocrates sortiront gagnants de l’autre élection sénatoriale dont le résultat officiel n’est pas encore connu, celle d’Arizona. Après le dépouillement de 70 % des suffrages, le sénateur démocrate sortant Mark Kelly jouissait d’une avance de 5,6 points de pourcentage sur son rival républicain, l’investisseur en capital-risque Blake Masters.

Le dépouillement des voix en Arizona est encore plus laborieux qu’au Nevada en raison de l’utilisation massive du vote par correspondance. Jeudi après-midi, il restait encore 619 000 bulletins de vote à dépouiller, a indiqué le bureau de la secrétaire d’État d’Arizona.

Dans le comté de Maricopa, le plus populeux de l’État, 290 000 bulletins de vote par anticipation ont été déposés le jour même du vote. Ils se trouvent à l’intérieur d’enveloppes portant la signature de l’électeur, signature qui devra être comparée à celle qui se trouve dans les registres électoraux. Tout cela avant de commencer à compter les votes en question.

« Ça prend du temps, parce qu’on doit bien faire ça », a déclaré Bill Gates, un des responsables électoraux du comté de Maricopa, sur CNN.

Lors des élections de mi-mandat de 2018, une semaine s’était écoulée avant que la future sénatrice démocrate d’Arizona, Kyrsten Sinema, ne soit déclarée gagnante. La même chose pourrait se reproduire cette année.

L’élection au poste de gouverneur d’Arizona attire également l’attention. Après le dépouillement de 70 % des suffrages, la secrétaire d’État Kathie Hobbs, une démocrate, jouissait d’une avance de 1,4 point de pourcentage sur sa rivale républicaine, Kari Lake, une émule de Donald Trump, qui nie la validité des résultats de l’élection présidentielle de 2020.

Lake pourrait parvenir à effacer l’écart qui la sépare de Hobbs.