(Phoenix) Des conservateurs américains, Donald Trump en tête, dénonçaient mardi des incidents techniques localisés dans des bureaux de vote pour les élections de mi-mandat, l’ancien président américain allant jusqu’à appeler ses partisans à « contester » les résultats.

« Le vote par procuration à Detroit, ça ne va pas du tout. Les gens se présentent pour voter et s’entendent répondre : “Désolé, vous avez déjà voté” », a affirmé Donald Trump sur son réseau Truth Social.  

« Cela se produit en grand nombre, et ailleurs. Contestez, contestez, contestez ! », a martelé le milliardaire américain, qui n’a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020.

L’organisation indépendante Vote.org a confirmé dans un communiqué l’existence de « problèmes techniques des machines à voter dans certains États », tout en soulignant que les autorités faisaient « tout pour […] s’assurer que les électeurs ont d’autres options pour déposer leur bulletin de vote aujourd’hui. »

En Arizona, État très disputé capable de faire basculer l’élection pour les deux camps, le scrutin a été perturbé par des problèmes techniques affectant les machines chargées de lire ou d’imprimer les bulletins dans une soixantaine de bureaux de vote dans le comté de Maricopa, soit plus d’un quart des lieux prévus pour le scrutin.

De quoi provoquer une vive polémique dans l’État du Grand Canyon, où Joe Biden avait devancé Donald Trump d’à peine 10 000 voix en 2020. Ce comté, qui compte 4,5 millions d’habitants et comprend la capitale Phoenix, avait alors concentré une grande partie des accusations – rejetées après plusieurs audits et recomptages – de fraude électorale.

Ces incidents ont provoqué des files d’attente dans plusieurs bureaux mardi, mais le département des élections du comté a assuré sur Twitter que cela n’empêchait pas les électeurs de voter. En début d’après-midi, il a publié une liste de 111 bureaux – sur 223 – sans aucune file d’attente.

Un recours déposé en urgence par le parti républicain pour étendre les horaires des bureaux de vote a été rejeté par la justice, a expliqué à l’AFP une avocate engagée par les conservateurs d’Arizona. Ils ont donc fermé à 19 h (heure locale), comme prévu.

« Solution alternative »

Pour les bureaux où les problèmes demeurent, une « solution alternative » est prévue, a insisté Bill Gates, un des responsables du comté de Maricopa. Les électeurs pouvaient déposer leurs bulletins dans une « boîte sécurisée », ouverte « plus tard dans la soirée » pour comptabiliser les votes avec des machines fonctionnelles.

« C’est de l’incompétence », a fustigé la candidate républicaine au poste de gouverneur d’Arizona, Kari Lake, qui a accusé Joe Biden d’être un président illégitime pendant sa campagne, malgré les enquêtes ayant démontré la validité des résultats de 2020.

« J’espère que ce n’est pas de la malveillance, mais nous allons trouver une solution et nous allons gagner », a ajouté la quinquagénaire, après avoir voté à Phoenix vers la mi-journée.  

Cette proche de Donald Trump s’est toutefois abstenue de contester par avance les résultats de l’élection, alors que des appels à manifester dans les comtés de Maricopa et de Pima fleurissent déjà sur les réseaux sociaux.

« Je ne sais pas quels problèmes vont émerger », a-t-elle expliqué, en appelant ses partisans à « faire la queue » sans se décourager et en martelant sa promesse de réformer en profondeur le système électoral en cas de victoire.

Dès le petit matin, l’un des bureaux de vote du centre-ville de Phoenix a rencontré des problèmes avec ses machines, ont constaté des journalistes de l’AFP. Seuls les électeurs ayant déjà préparé leur bulletin scellé dans une enveloppe pouvaient le déposer, les autres ont reçu la consigne de se rendre dans un autre bureau à 500 mètres de là.

De quoi renforcer une atmosphère déjà délétère dans cet État du sud-ouest, où des guetteurs, parfois armés, ont récemment surveillé les urnes métalliques, similaires à des boîtes aux lettres, permettant aux électeurs de déposer leurs bulletins en avance.

« Cette machine aurait dû être testée il y a longtemps, la semaine dernière », s’est énervé Donald Newton, un électeur républicain qui a réussi à voter dans le bureau voisin, et reste persuadé que l’élection de 2020 « a été volée ».

Comme de nombreuses personnes rencontrées par l’AFP ces deux dernières semaines, l’octogénaire souscrit à une thèse complotiste alimentée par un documentaire d’extrême droite, selon laquelle les urnes ont été bourrées en 2020.

« C’est en train de recommencer », s’est exclamé un autre électeur, prié de se rendre dans un autre bureau de vote et qui n’a pas voulu donner son nom.

Sur Twitter, la présidente du parti républicain de l’Arizona, Kelli Ward, a affirmé que « cela ne se produit pas qu’en Arizona ».

D’autres élus conservateurs ont évoqué des problèmes dans le New Jersey.