La Grosse Pomme déclare l’état d'urgence pour répondre à la crise des migrants.

Le maire Eric Adams a déclaré l’état d’urgence à New York vendredi, alors que la Ville s’efforce de répondre à l’afflux de dizaines de milliers de migrants d’Amérique latine.

Dans un discours prononcé à l’hôtel de ville, M. Adams a déclaré que la Ville s’apprêtait à dépenser 1 milliard de dollars américains pour faire face à cette situation et a demandé un financement fédéral et étatique pour aider à payer les logements et les services destinés aux migrants, qui ont mis à rude épreuve le système d’hébergement des sans-abri de la ville.

PHOTO DAVE SANDERS, NEW YORK TIMES

Le maire de New York, Eric Adams, lors d’une conférence de presse à New York, où il a déclaré l’état d’urgence, vendredi

« Nous avons besoin d’aide, et nous en avons besoin maintenant », a déclaré M. Adams.

M. Adams, un démocrate en poste depuis janvier, a déclaré que la Ville allait de l’avant avec des plans pour construire un centre d’accueil pour les tentes sur Randalls Island, dans l’East River, juste à côté de Manhattan. Les responsables de la Ville négocient également avec des compagnies de croisière pour héberger les migrants à bord d’un navire.

M. Adams a affirmé que la Ville avait été submergée par les quelque 17 000 migrants arrivés depuis avril, et qu’il s’attendait à ce qu’il en arrive jusqu’à 100 000 à terme. Au moins neuf autocars de migrants supplémentaires sont arrivés jeudi.

La mairie a mis en place 42 abris d’urgence et inscrit 5000 enfants dans des écoles, a indiqué le maire. Mais il a ajouté qu’elle avait besoin de toute urgence d’une aide supplémentaire pour fournir des services aux migrants.

La déclaration de l’état d’urgence permettrait aux responsables de la Ville d’agir plus rapidement pour fournir des services, a déclaré M. Adams. Il a ajouté que la Ville cherchait également des moyens d’envoyer certains migrants dans d’autres villes.

Une gestion critiquée

« Une ville qui se remet d’une pandémie mondiale est submergée par une crise humanitaire », a-t-il déclaré, ajoutant que New York était « au bord du précipice ».

M. Adams a reçu des critiques pour sa réponse à la crise de la part de défenseurs des sans-abri et de membres du conseil municipal, qui ne sont pas d’accord avec les efforts visant à loger les migrants dans des tentes ou sur des bateaux. Ils ont demandé que les hôtels vides soient utilisés et que les résidants des refuges soient transférés dans des logements permanents aussi rapidement que possible.

Les autorités municipales envisagent d’héberger jusqu’à 2700 migrants sur un bateau de croisière et sont en discussion avec trois compagnies de croisière, dont Carnival Cruise Line, a déclaré Frank Carone, chef de cabinet du maire, lors d’une brève interview à l’hôtel de ville. Les deux autres compagnies sont Norwegian Cruise Line et Tallink, qui hébergent des réfugiés ukrainiens en Estonie.

Les responsables de la Ville envisagent différents endroits pour l’accostage d’un navire de croisière, notamment une jetée à Staten Island appelée Homeport, située entre la gare maritime de St. George et le pont Verrazzano.

M. Adams a reproché au gouverneur du Texas, Greg Abbott, de ne pas avoir coordonné les arrivées de migrants avec son administration et l’a appelé vendredi à cesser d’envoyer des bus à New York et à répartir le fardeau sur d’autres villes.

« Les New-Yorkais sont en colère, a déclaré M. Adams. Je suis également en colère. Nous n’avons pas demandé cela. »

Un appel à l’aide

Les appels répétés du maire pour une aide fédérale et étatique mettent également la pression sur le président Joe Biden et la gouverneure de l’état de New York, Kathy Hochul, à un mois des élections de novembre.

À la question de savoir s’il mettait M. Biden et Mme Hochul dans une position difficile, M. Adams a répondu : « Non, pas du tout. »

M. Adams a déclaré qu’il avait parlé à M. Biden récemment au sujet de la crise et que M. Biden et Mme Hochul comprenaient les défis auxquels la Ville fait face.

Ils comprennent que c’est une situation urgente et que New York a besoin d’aide.

Eric Adams, maire de New York

Angelo Roefaro, un porte-parole du sénateur Chuck Schumer, membre du Parti démocrate de New York, a déclaré que son bureau était « en communication étroite avec l’équipe Adams et travaillait avec la délégation de l’État de New York pour obtenir des ressources et faire en sorte que l’administration Biden fasse tout ce qu’elle peut pour être utile ».

PHOTO PAUL RATJE, REUTERS

La famille des Vénézuéliens Frederik Pinango et Julianis Contreras montait à bord d’un bus en direction de New York, au Centre d’accueil des migrants d’El Paso, au Texas, le 3 octobre.

Vendredi, les responsables de la Ville ont soutenu qu’environ un tiers des migrants qui arrivent à New York veulent se rendre vers d’autres destinations, y compris de nombreux immigrants vénézuéliens qui ont des parents ou des amis en Floride. M. Adams a souligné que la Ville s’efforçait de transporter ces migrants vers d’autres villes.

La Legal Aid Society et la Coalition for the Homeless ont publié une déclaration disant qu’elles étaient d’accord avec le maire sur le fait que la Ville a besoin d’un soutien supplémentaire de l’État et du gouvernement fédéral, mais que la crise des sans-abri de la ville avait commencé il y a de nombreuses années.

« Le fait que le recensement des centres d’hébergement n’a jamais été aussi élevé n’est pas uniquement dû à l’afflux de demandeurs d’asile, ont déclaré les groupes. C’est l’échec honteux historique de la Ville qui n’a pas su investir de manière adéquate dans des logements abordables qui a continué à alimenter l’itinérance de masse. »

Les groupes ont également appelé la Ville de New York à « abandonner son projet de construction de villages de tentes, et à se concentrer sur des options d’abris intérieurs de haute qualité et de logements permanents ».

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez l’article du New York Times (en anglais)