(Washington) Une procureure américaine a demandé mercredi d’annuler la condamnation d’un homme détenu depuis plus de 20 ans pour le meurtre de son ex-petite amie, qu’il a toujours nié, un rebondissement inattendu dans une affaire au cœur du podcast à succès Serial.

La procureure de la ville de Baltimore, sur la côte est des États-Unis a expliqué douter de la culpabilité d’Adnan Syed, 42 ans, après avoir découvert l’existence de « deux suspects alternatifs », ont précisé ses services dans un communiqué.

Dans un recours transmis à un magistrat qui aura le dernier mot, Marilyn Mosby a également demandé la remise en liberté du condamné. « Maintenir M. Syed en détention pendant que nous continuons notre enquête, alors que nous n’avons plus confiance dans les conclusions du premier procès, serait injuste », a-t-elle plaidé.  

Cette intervention relance l’affaire ouverte en 1999 quand le corps d’Hae Min Lee, une jeune fille de 18 ans, avait été retrouvé à demi-enseveli dans un bois de Baltimore.  

Un an plus tard, son ex-petit ami Adnan Syed était condamné à la réclusion à perpétuité. Selon l’accusation, il n’avait pas supporté qu’elle le quitte pour un autre et l’avait étranglée. Lui a toujours clamé son innocence, se disant victime de préjugés anti-musulmans.

En 2014, une équipe de journalistes avait mené une contre-enquête, racontée en douze épisodes dans la première saison de Serial. Précurseur de l’ère des podcasts, ce feuilleton radio a, selon ses producteurs, été téléchargé plus de 300 millions de fois. Il a également inspiré un documentaire sur la chaîne HBO.

L’enquête des journalistes de Serial avait montré que l’avocate d’Adnan Syed avait négligé une expertise de téléphonie mobile favorable à l’accusé, ainsi que le témoignage d’une jeune fille qui lui offrait un alibi potentiel.

Leur travail avait entraîné une réouverture du dossier et en mars 2018, une cour d’appel du Maryland avait ordonné un nouveau procès, estimant que l’avocate avait apporté une « aide inefficace » à son client.

En mars 2019, la Cour suprême du Maryland avait reconnu que l’avocate avait eu tort de ne pas présenter certains éléments, mais elle avait estimé qu’« étant donné la totalité des preuves », le verdict n’aurait pas été différent si elle les avait inclus. Elle avait donc refusé l’organisation d’un nouveau procès.

La défense d’Adnan Syed s’était alors tournée vers la Cour suprême. En 2019, celle-ci avait refusé d’intervenir, ce qui avait semblé mettre un terme à ses espoirs de libération.