(À bord d’Air Force One) Fort d’avoir orchestré la mobilisation occidentale face à la Russie, le président américain Joe Biden s’est envolé jeudi pour l’Asie où il veut affirmer les ambitions des États-Unis, mais l’ombre d’un possible essai nucléaire nord-coréen planera sur son voyage.

Le démocrate de 79 ans, pour qui la confrontation des États-Unis avec la Chine est le grand sujet géopolitique des années à venir, se rendra en Corée du Sud, puis au Japon pour son premier déplacement dans la région.

Les États-Unis estiment qu’il y a une « réelle possibilité » que la Corée du Nord procède « à un nouveau tir de missile » ou « à un essai nucléaire » pendant le voyage.  

Malgré la récente vague de COVID-19 dans le pays, « les préparatifs d’un essai nucléaire sont terminés et ils ne cherchent que le bon moment » pour le réaliser, a déclaré le député de Corée du Sud Ha Tae-keung à la presse, citant des informations du Service national de renseignement de Séoul.

Joe Biden rencontrera en Corée du Sud et au Japon les dirigeants des deux pays, et participera à Tokyo à une réunion du Quad, ce format diplomatique qu’il se fait fort de relancer et qui rassemble les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie.

Prompte signature

Mais soulignant le besoin majeur d’attention de la part du président américain envers l’Europe actuellement, Joe Biden a rencontré juste avant son départ les dirigeants finlandais et suédois pour célébrer leur demande d’adhésion à l’OTAN — un changement majeur de la position respective des deux pays, provoqué par l’invasion russe de l’Ukraine.

Nouveau signe de l’implication croissante des États-Unis dans le conflit en Ukraine, la Maison-Blanche a annoncé que Joe Biden apposerait sa signature au texte, promettant 40 milliards de dollars à l’Ukraine, pendant son déplacement en Asie. Ce nouveau financement, qui comprend des volets d’aide humanitaire, mais aussi sécuritaire, a été approuvé très largement par le Sénat en début d’après-midi après avoir été adopté à la Chambre la semaine dernière.

Signer le texte de loi « promptement » assurera qu’il n’existe aucune carence dans le flot de financement à l’Ukraine, a affirmé à la presse le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, à bord d’Air Force One.

Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie a accaparé l’administration américaine depuis des semaines, cette crise a aussi donné des ailes aux diplomates et aux stratèges de la première puissance mondiale.

Les États-Unis ont pris la tête de la réaction occidentale, envoyant massivement des armes en Ukraine, orchestrant les sanctions économiques, et s’activant pour élargir l’OTAN à la Finlande et à la Suède, ce qui serait un triomphe tactique face à Moscou.

« Les alliés de l’Amérique en Europe et en Asie nous donnent, à nous ainsi qu’au monde entier, force et sécurité. C’est avec eux que nous affrontons les défis de notre temps », a déclaré Joe Biden peu avant son départ.

Taïwan et Corée du Nord

Les États-Unis veulent « affirmer l’image de ce que le monde pourra être si les démocraties et les sociétés ouvertes du monde se rassemblent pour dicter les règles du jeu », autour du « leadership » américain, a encore dit le conseiller à la sécurité nationale.

« Nous pensons que ce message sera entendu à Pékin. Mais ce n’est pas un message négatif et ce n’est pas destiné à un seul pays », a assuré Jake Sullivan.  

La Chine, et Taïwan, seront néanmoins dans toutes les têtes. Le directeur de la CIA Bill Burns a affirmé récemment que la Chine suivait « attentivement » l’invasion russe de l’Ukraine et en tirerait des enseignements sur « les coûts et les conséquences » d’une prise de contrôle par la force de l’île.

La Maison-Blanche a précisé que le président américain n’irait pas dans la zone démilitarisée entre les deux Corées-là où Donald Trump avait rencontré en 2019 le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, pour une réunion spectaculaire, mais qui n’a pas changé la trajectoire du régime.

L’administration Biden a plusieurs fois, en vain, dit qu’elle était prête à discuter avec la Corée du Nord, bien que cette dernière ait multiplié les tirs de missiles depuis le début de l’année.  

Pyongyang pourrait donc reprendre également les essais nucléaires, après en avoir conduit six entre 2006 et 2017.

Et ce alors que le pays fait face à une épidémie de coronavirus qui s’aggrave, le nombre de cas dépassant désormais 1,7 million selon la presse officielle.

Un essai nucléaire nord-coréen entraînerait « des ajustements à la posture de nos forces armées dans la région », a également déclaré Jake Sullivan.

Mais il a nié qu’un tel évènement serait vu comme un revers à la diplomatie de Joe Biden. « Cela soulignerait l’un des principaux messages que nous envoyons lors de ce voyage, qui est, que les États-Unis répondent présent pour nos alliés et partenaires ».