(New York) La justice américaine a annoncé vendredi avoir inculpé deux ressortissants birmans pour leur projet d’attaque sur l’ambassadeur de Birmanie à l’ONU, Kyaw Moe Tun, partisan du mouvement prodémocratie qui avait refusé de quitter ses fonctions malgré les injonctions de la junte.

Dans le cadre de ce projet, déjoué par des enquêteurs américains, les deux hommes inculpés avaient évoqué l’embauche d’agresseurs qui forceraient Kyaw Moe Tun à démissionner, ou s’il refusait, qui le tueraient, selon des responsables.

Les deux hommes « ont projeté de gravement blesser ou de tuer l’ambassadeur de Birmanie aux Nations unies, dans le cadre d’une attaque planifiée d’un responsable étranger qui devait avoir lieu sur le sol américain », a déclaré Audrey Strauss, procureure fédérale pour le district sud de New York.

La directrice adjointe par intérim du FBI Jacqueline Maguire a affirmé que la police fédérale avait agi « rapidement et assidûment », après avoir eu vent de ce potentiel assassinat, prévu dans une banlieue du nord de la ville de New York.

Selon des documents judiciaires, le FBI a reçu mardi des informations concernant le complot.

« Nos lois s’appliquent à tous dans ce pays, et ces hommes feront désormais face aux conséquences pour avoir supposément enfreint ces lois », a déclaré Mme Maguire.

Les suspects, Phyo Hein Htut, 28 ans, et Ye Hein Zaw, 20 ans, ont été inculpés devant une cour fédérale et risquent jusqu’à cinq ans de prison.

FaceTime et Zelle

Leurs liens avec la junte restent flous. Les procureurs ont indiqué que Phyo Hein Htut avait été en contact avec un marchand d’armes traitant, depuis la Thaïlande, avec l’armée birmane.

Ces deux hommes ont discuté via FaceTime alors que Phyo Hein Htut se trouvait à l’intérieur des bureaux de la mission birmane auprès de l’ONU, à New York, selon la plainte.

Le marchand d’armes a évoqué au cours de cette conversation l’embauche d’hommes de main pour l’attaque, qui supposait de saboter les pneus de la voiture de l’ambassadeur pour qu’il ait un accident, précise la plainte.

Le dossier inclut des photos de ce qui semble être un paiement de 4000 dollars, transféré par Ye Hein Zaw à Phyo Hein Htut via l’application Zelle, présenté comme une avance pour l’opération.

Kyaw Moe Tun avait fait les gros titres, après le putsch du 1er février, en effectuant le salut à trois doigts des manifestants prodémocratie depuis son siège à l’ONU d’ambassadeur de Birmanie. Il avait déclaré à l’AFP mercredi qu’il existait une menace sur sa personne et qu’il s’était vu conférer davantage de protections.

La Birmanie est en plein chaos politique depuis que la junte a démis le gouvernement d’Aung San Suu Kyi en février, l’accusant de fraudes aux élections de 2020.

Plus de 900 personnes ont été tuées dans une sanglante répression menée par la junte pour étouffer toute protestation, selon une ONG locale de surveillance.

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing,  a promis dimanche la tenue d’un nouveau scrutin « d’ici août 2023 ».