(Washington) L’auteur d’une fusillade meurtrière dans un journal local américain, qui plaidait la folie, n’échappera pas à la prison, un jury l’ayant déclaré jeudi criminellement responsable de ce crime.

Après de courtes délibérations, les douze jurés ont estimé que Jarrod Ramos, 41 ans, pouvait être condamné pour l’attaque, il y a trois ans, de la Capital Gazette, a dit à l’AFP un porte-parole du tribunal.  

Il revient désormais à un juge de prononcer sa sentence. Il encourt la réclusion à perpétuité.

PHOTO MANDEL NGAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La une de la Capital Gazette, le lendemain d’une attaque contre le journal d’Annapolis, dans le Maryland, le 29 juin 2018. Armé d’un fusil à pompe, Jarrod Ramos avait fait irruption dans la rédaction du journal, où il avait tué cinq personnes avant d’être arrêté.

Armé d’un fusil à pompe, Jarrod Ramos avait fait irruption le 28 juin 2018 dans la salle de rédaction du journal local d’Annapolis, à une heure de Washington. Il avait tué cinq personnes avant d’être interpellé.

Le drame, l’une des pires attaques commises contre un média aux États-Unis, avait suscité une onde de choc dans le pays. Alors président, Donald Trump avait dénoncé un assaut « horrible » qui « choque la conscience de notre pays ».

« Crime monstrueux, témoignages étourdissants »

« Le crime était monstrueux, nous remercions les jurés d’avoir écouté les témoignages étourdissants, regardé les horribles vidéos et les affreuses photos », a commenté à la sortie du tribunal Andrea Chamblee, la veuve du journaliste sportif John McNamara mort dans ce bain de sang.

Inculpé d’assassinats, Jarrod Ramos avait plaidé coupable en 2019. Mais ses avocats affirmaient que des troubles mentaux altéraient son discernement et réclamaient qu’il soit envoyé en hôpital psychiatrique et pas en prison.  

Un procès avait été organisé pour trancher. Pendant trois semaines, il a surtout donné lieu à une bataille d’experts psychiatriques.

Défense d'aliénation mentale

L’avocat de la défense Matthew Connell en avait finalement appelé au bon sens des jurés. « C’est dur de définir la maladie mentale », a-t-il dit dans sa plaidoirie, rapportée par les médias américains.

Ça ressemble à ça quand un trentenaire vit seul dans un sous-sol, urine dans des bouteilles, ne se lave pas pendant des semaines et écrit des sortes de manifestes.

L’avocat de la défense Matthew Connell

Mais les procureurs ont plaidé qu’il était narcissique et avait agi « par vengeance et en suivant un plan minutieux » après avoir été blessé dans son orgueil par le journal.

Jarrod Ramos entretenait une relation conflictuelle avec la Capital Gazette après l’avoir poursuivie en diffamation, sans succès, et menacée à plusieurs reprises sur l’internet.  

Il lui reprochait un article de 2011 intitulé Jarrod veut être ton ami, dans lequel le journal racontait le calvaire d’une jeune femme qu’il avait harcelée sur l’internet, ce qui lui avait valu une condamnation à 90 jours de prison avec sursis.

Il avait passé deux ans à préparer son attaque, avait effectué des repérages et même pris un abonnement à un club d’échecs en prévision de sa détention.