(Washington) La Cour suprême des États-Unis a autorisé jeudi la Floride à conserver une loi forçant les anciens détenus à s’acquitter de leurs frais de justice avant de retrouver leur droit de vote.  

À moins de quatre mois de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre, cette décision pourrait concerner des centaines de milliers de personnes dans un État-clé où les scrutins sont souvent particulièrement serrés.  

Un juge local avait rejeté cette loi en mai, estimant qu’elle instaurait un système de « vote payant », mais une cour d’appel avait dans un deuxième temps annulé ce jugement et la Cour suprême américaine a finalement décidé de laisser les choses en l’état.  

Trois juges progressistes du temple du droit américain se sont prononcés autrement, dont Sonia Sotomayor, qui a regretté une décision empêchant selon elle des milliers d’électeurs de se rendre aux urnes « simplement parce qu’ils sont pauvres ».  

Elle a par ailleurs souligné qu’il était difficile pour beaucoup d’anciens détenus de cet État du sud-est du pays de connaître le montant des frais de justice dont ils doivent s’acquitter.

Lors d’un référendum local en novembre 2018, les habitants de Floride avaient permis à plus d’un million d’entre eux de récupérer leur droit de vote, à l’exception des ex-prisonniers condamnés pour homicide ou crimes sexuels.

Mais les élus de l’État, aux mains des républicains, ont adopté ensuite un texte de loi imposant aux anciens détenus de régler toutes leurs dettes vis-à-vis de la justice avant de pouvoir voter, ce que beaucoup ne peuvent pas se permettre, les sommes s’élevant souvent à plusieurs milliers de dollars, voire plus.

« Le droit de vote est un pilier de la démocratie », a commenté jeudi l’élue locale démocrate Donna Shalala après la décision de la Cour suprême. « La pauvreté ne devrait jamais constituer un obstacle à ce droit fondamental ».