(Washington) Le changement climatique, une question reléguée au second plan avec la pandémie de COVID-19 et la crise économique qui en a résulté aux États-Unis, revient sur le devant de la scène alors que les républicains de Donald Trump entament leur dernier sprint vers l’élection présidentielle de novembre.

Des incendies de forêt ravagent la Californie et deux tempêtes menacent la côte américaine du golfe du Mexique alors même que la convention républicaine s’amorce, lundi. Mais aucun de ces évènements n’a attiré l’attention de M. Trump, qui s’est présenté en personne à la convention du parti à Charlotte, en Caroline du Nord, après que des délégués de tout le pays l’ont confirmé en tant que candidat républicain à la présidence.

« Nous devons gagner — c’est l’élection la plus importante de l’histoire de notre pays », a lancé M. Trump lors d’un discours décousu et improvisé, chargé des attaques habituelles contre son rival démocrate Joe Biden, qu’il a accusé de fabriquer une controverse sur le service postal et le vote par correspondance. « Notre pays peut aller dans une direction horrible, horrible, ou dans une direction encore plus grande. »

Les prochains jours de la convention, au cours desquels le président Trump cherchera à attirer toute l’attention, ne feront probablement pas beaucoup mention du changement climatique. Et même si le sujet se présente, ce ne sera pas avec beaucoup de sérieux, croit Elizabeth Gore, vice-présidente principale des affaires politiques d’EDF Action, une organisation environnementale établie à Washington.

« Il sera intéressant de voir si cette administration essaie de s’attribuer le mérite de quoi que ce soit en matière environnementale à un moment où elle met tant d’énergie à contrer les efforts pour avoir de l’air et une eau plus propres et une planète habitable », a déclaré Mme Gore en entrevue.

« Ce sera un faux discours contre lequel un groupe comme EDF Action va faire pression, car cette administration n’a fait que nuire aux fondements de la réglementation pour la protection de l’environnement. »

Chez les démocrates

La question environnementale était au centre des préoccupations lors de la convention démocrate de la semaine dernière, qui s’est tenue presque entièrement en ligne. Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a notamment présenté un bref mais puissant segment vidéo enregistré non loin de l’un des incendies de forêt hors de contrôle dans l’État.

« Si vous niez le changement climatique, venez en Californie », a lancé M. Newsom, en soulignant la température de 54 degrés Celsius relevée dans la vallée de la Mort, considérée comme un record mondial.

Dans son discours de clôture de la convention, Joe Biden a promis que s’il était élu, son administration tirerait le meilleur parti de ce qu’il a appelé « non seulement une crise », mais « une énorme occasion » pour les États-Unis de devenir un leader mondial de l’énergie propre, avec des millions de nouveaux emplois.

« Et nous pouvons payer pour ces investissements en mettant fin aux échappatoires et aux baisses d’impôts de 1300 milliards de dollars accordés par le président au 1 % les plus riches et aux entreprises les plus grandes et les plus rentables, dont certaines ne paient aucun impôt. »

Le gouverneur de la Californie a demandé directement au Canada et à l’Australie de l’aider à lutter contre les incendies de forêt, qui ont déjà tué sept personnes, ravagé un territoire de plus d’un demi-million d’hectares et forcé plus de 100 000 personnes à fuir leur maison. Le Centre interservices des incendies de forêt du Canada, qui gère les demandes internationales d’aide, sollicite ses partenaires à travers le pays pour connaître les ressources disponibles, a indiqué le porte-parole Marc Mousseau.

« En décalage » avec les Américains

Pendant ce temps, de l’autre côté des États-Unis, deux tempêtes tropicales menacent certains États comme la Louisiane, le Mississippi et l’Alabama — l’une d’elles pourrait avoir la force d’un ouragan lorsqu’elle touchera terre plus tard cette semaine.

La tempête tropicale Marco, qui s’est affaiblie au cours de la nuit dimanche, devrait se déplacer vers l’ouest en longeant la côte du golfe, tandis que la tempête Laura pourrait devenir un ouragan de catégorie 2 au moment où elle atteindra les États-Unis mercredi, le jour avant que Donald Trump prononce son discours de clôture sur la pelouse sud de la Maison-Blanche pour la grande finale de la convention.

Mais peu importe que les républicains parlent ou non de l’impact des émissions de carbone sur l’environnement : le sujet semble préoccuper les Américains, qu’ils soient démocrates ou républicains, selon les sondages que Mme Gore a consultés.

« En regardant simplement ce que les électeurs disent et ce qui se passe sur la colline du Capitole, le message des républicains sur le climat durant la convention — qu’il soit dans le camp du déni ou qu’il qualifie l’action climatique d’“extrémiste” — est vraiment en décalage avec la plupart des Américains, et même avec la plupart des républicains », affirme-t-elle.

« La juxtaposition entre cette position que prend par le Parti républicain, en particulier face aux deux ouragans et aux incendies de forêt dans l’ouest, est particulièrement frappante et souligne à quel point ils sont en décalage avec ce que les gens de tous les horizons politiques exigent vraiment du gouvernement. »