(Washington) La famille d’un jeune motocycliste mort après un accident de la route en Angleterre va poursuivre aux États-Unis la conductrice en cause, épouse d’un diplomate américain, et le gouvernement de Donald Trump qui refuse de l’extrader, a indiqué un porte-parole de la famille.

Harry Dunn, 19 ans, a été mortellement blessé dans la collision de sa moto avec une voiture dans le Northamptonshire, le 27 août. La conductrice du véhicule, Anne Sacoolas, 42 ans, roulait du mauvais côté de la chaussée en sortant d’une base militaire où était stationné son mari. Invoquant l’immunité diplomatique, elle est repartie aux États-Unis avant d’avoir pu être interrogée par la police britannique.

Les parents du jeune homme, Charlotte Charles et Tim Dunn, exhortent depuis les États-Unis à lever l’immunité de Mme Sacoolas pour qu’elle retourne en Grande-Bretagne afin d’y être jugée.

« Nous engageons des poursuites au civil contre Mme Sacoolas et les États-Unis pour des dédommagements ainsi que contre l’administration Trump pour sa conduite hors-la-loi et sa tentative de dissimulation », a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la famille, Radd Seiger.

Le gouvernement américain « est fermement décidé non seulement à violer les lois internationales, les règles et les conventions sur l’immunité diplomatique mais n’a aucune considération ni souci du bien-être de la famille de Harry, ni aucune intention réelle de trouver une solution », a ajouté M. Seiger, qui se trouve actuellement aux États-Unis.

Mme Sacoolas « a reconnu sa responsabilité (dans l’accident) donc cela la rend responsable d’un grave crime. C’est une fugitive en fuite », a-t-il déclaré à l’AFP, indiquant qu’un procès pénal aux États-Unis n’était « pas une option ».

Cette affaire, qui rencontre un fort écho au Royaume-Uni, a provoqué des tensions entre Londres et Washington.

Donald Trump a évoqué un « accident horrible », le mettant sur le compte de la fatalité et de la difficulté pour un automobiliste américain de s’habituer à la conduite à gauche en Grande-Bretagne.

La visite de Charlotte Charles et Tim Dunn à la Maison-Blanche, le 15 octobre, a provoqué une polémique quand M. Trump a incité en vain les parents d’Harry à rencontrer Mme Sacoolas, qui se trouvait dans une pièce à côté entourée de photographes. 

M. Seiger avait alors dénoncé une « opération de communication » du président américain.

Mme Charles avait ensuite affirmé être prête à rencontrer Anne Sacoolas, mais uniquement « sur le sol britannique ». Elle « doit revenir (en Angleterre) et affronter le système judiciaire », avait-elle souligné.

La famille a déjà entamé des poursuites contre le gouvernement britannique, qu’elle accuse d’avoir laissé la conductrice quitter le pays.

La police anglaise a annoncé il y a une semaine l’envoi prochain d’enquêteurs aux États-Unis pour interroger Mme Sacoolas.