(Colleville-sur-Mer) Le 6 juin 1944, quand il a débarqué à Omaha Beach, Jack Gutman, soldat américain de 18 ans, a pris part au plus grand acte de coopération transatlantique de l’histoire, fondateur d’un multilatéralisme régulièrement critiqué par Donald Trump.

Le Débarquement en Normandie, sous la présidence de Franklin D. Roosevelt, a permis aux Alliés de l’emporter sur les nazis, durant la Seconde Guerre mondiale.  

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Jack Gutman avait 18 ans quand il a atterri sur la plage surnommée «Omaha Beach», le 6 juin 1944.

Jack Gutman, de retour en Normandie pour la première fois à l’âge de 75 ans, ne voit pas de contradiction entre son passé de GI ayant contribué à libérer l’Europe et sa sympathie pour Donald Trump, hostile au multilatéralisme.

«Je serais ravi de le rencontrer, parce qu’il a fait beaucoup pour notre pays», assure ce Californien dans les allées du cimetière américain de Colleville-sur-Mer, peu avant une cérémonie en présence de M. Trump et du président français Emmanuel Macron.

Pour ses détracteurs, le crédo politique de Donald Trump, «America First», est contradictoire avec la participation des États-Unis dans l’OTAN et son partenariat historique avec l’Europe.

En Normandie, le locataire de la Maison-Blanche a été chaleureusement accueilli par les anciens combattants américains. «Beaucoup de monde en Pennsylvanie veulent voter pour vous», lui a lancé un vétéran, juste avant de lui serrer la main.  

Une chaleur qui témoigne de la sympathie des vétérans pour le camp républicain. Selon un sondage de CNN à la sortie des urnes en 2016, 60% des anciens combattants avaient voté pour Donald Trump.

Pragmatisme

En avril 2017, 54% des vétérans approuvaient son action, nettement plus que les 39% de l’ensemble de la population, selon un sondage du Pew Research Center.

Qu’importe l’isolationnisme professé par Donald Trump, d'anciens combattants américains rencontrés lors des commémorations du débarquement saluent souvent son pragmatisme et son énergie dans les affaires intérieures américaines. Et louent la décision de l’administration Trump de permettre aux vétérans de se faire soigner dans le privé, aux frais du gouvernement, pour leur éviter de longues attentes dans les établissements publics.  

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Georges Ciampa

«C’est le président qui a fait le plus pour les vétérans», assure George Ciampa, qui a lui aussi débarqué lors du Jour J et tourne un documentaire sur les témoignages de ses camarades.  

Donald Trump, lui-même, affirmait en 2016 : «Je ne pense pas que quiconque ait fait plus que moi pour l’armée en tant que président […] y compris pour les vétérans».

M. Ciampa faisait partie d’une unité qui a récupéré et enterré quelque 75 000 victimes américaines et allemandes, au cours de l’année suivant le Débarquement.  

Donald Trump, lui, a souvent été critiqué pour avoir évité la guerre du Vietnam pour un motif médical contesté. Cela n’empêche pas George Ciampa de le soutenir.  

«J’ai longtemps été démocrate», dit-il. «J’ai voté pour Kennedy et les autres». Il se décrit désormais comme conservateur indépendant, et assure apprécier le pragmatisme du commandant-en-chef.

«Ce n’est pas un politicien: quand il voit un problème, il trouve une solution. George S. Patton faisait de même», explique-t-il, en référence du fameux général américain qui a commandé les forces américaines en Europe dans la phase finale de la guerre. «Il avait le même tempérament que Trump, et il a aidé à gagner la guerre».