(Washington) Le niveau réel de la menace iranienne contre les intérêts américains au Proche-Orient a donné lieu mardi à un cafouillage embarrassant au Pentagone, où l’armée américaine a dû démentir des propos rassurants d’un porte-parole britannique de la coalition internationale en Irak et Syrie.

Alors que les États-Unis ont envoyé dans le Golfe le porte-avions USS Abraham Lincoln et une force de bombardiers en réponse à une « menace crédible » de la part de Téhéran, le général britannique Chris Ghika, porte-parole adjoint de la coalition anti-État islamique (EI) menée par les États-Unis, a assuré à la presse que le niveau de menace représenté par les milices pro-iraniennes pour les forces occidentales ne s’était pas intensifié récemment.

« Il n’y a pas d’aggravation de la menace posée par les forces pro-iraniennes en Irak et en Syrie », a déclaré le général Ghika, qui s’exprimait depuis Bagdad au cours d’une téléconférence au Pentagone.

« Nous n’avons constaté aucun changement dans la posture ou le déploiement du Hachd al-Chaabi », a ajouté le militaire britannique, en référence au vaste groupement d’unités paramilitaires irakiennes engagées dans la lutte contre le groupe État islamique (EI).

« Nous espérons et nous nous attendons à ce que cela continue », a ajouté le général Ghika, commandant adjoint de la coalition chargé de la stratégie et l’information.

Pressé de questions sur cette apparente contradiction avec le discours de l’administration américaine, qui a fait état de menaces « inquiétantes » et de « signaux clairs » de préparatifs iraniens d’attaques contre des intérêts américains dans la région, il a assuré ne pas être « en décalage avec la Maison-Blanche ».

« Ce que je dis, c’est que nous surveillons les menaces avec beaucoup d’attention et que nous ajustons les mesures de protection de nos forces en conséquence », a-t-il dit. « Est-ce que je m’inquiète du niveau de danger ? Non, pas vraiment. Nous prenons toute une série de mesures de protection […] et nous les jugeons totalement satisfaisantes ».

Rompant avec l’unité affichée depuis 2014 par les partenaires de l’opération Inherent Resolve (OIR) de la coalition internationale, le commandement militaire américain au Proche-Orient (Centcom) a rapidement contredit le général Ghika.

Niveau d’alerte « élevé »

« Les récents commentaires du commandant adjoint de l’OIR contredisent les menaces crédibles reçues des services de renseignement américains et alliés concernant les forces pro-iraniennes dans la région », a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Centcom, le commandant Bill Urban.

« Le commandement central des États-Unis, en coordination avec l’opération Inherent Resolve, a renforcé le dispositif des forces affectant tous les militaires déployés par la coalition en Irak et en Syrie », a ajouté le porte-parole.

« Par conséquent, l’OIR est aujourd’hui à un niveau d’alerte élevé et nous continuons à surveiller étroitement les menaces crédibles et peut-être imminentes contre les forces américaines en Irak », a conclu le porte-parole américain.

Signe des divisions entre les Européens et les États-Unis sur la stratégie de tension de l’administration du président Donald Trump au Proche-Orient, le général Ghika avait tenu à souligner que la mission de la coalition internationale était de lutter contre l’EI et non le régime iranien.

« Notre mission est de vaincre l’EI. L’Iran ne figure ni sur les ordres qui m’ont été donnés, ni les directives, ni sur aucun document d’organisation », a-t-il relevé.  

« Nous sommes ici à l’invitation du gouvernement irakien pour vaincre l’EI, pas pour avoir quoi que ce soit à voir avec l’Iran », a-t-il ajouté. « Je le souligne parce que je pense que c’est vraiment important à ce stade ».