(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a jugé mardi « inquiétant » le fait que la Turquie ait commencé la veille à tester des systèmes russes de défense antiaérienne en dépit des appels répétés de Washington à ne pas les activer sous peine de sanctions.

« C’est inquiétant », a-t-il réagi lors d’une conférence de presse.

« Nous restons confiants et parlons encore aux Turcs pour essayer de trouver une voie de sortie. Je ne veux pas m’avancer sur ce que le président peut faire ou pas. Mais nous avons clairement exprimé au gouvernement turc notre volonté de les voir s’éloigner de la mise en opération complète » du système de défense S-400, a-t-il ajouté.

Selon des médias turcs, Ankara a commencé lundi à tester les systèmes S-400 acquis auprès de la Russie malgré la menace de sanctions américaines. Des avions militaires, dont des F-16 de fabrication américaine, ont survolé une base turque afin de tester les radars des S-400 et de former des opérateurs turcs à leur maniement.

L’acquisition par les Turcs de ce système de défense russe reste un important sujet de tensions entre Ankara et Washington. La question a été évoquée lors d’un entretien mi-novembre à Washington entre les présidents Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump.

Les États-Unis estiment notamment que les S-400 ne sont pas compatibles avec les dispositifs de l’OTAN, dont la Turquie est également membre. Ils affirment que ce système ultra-sophistiqué, dont la livraison a commencé en juillet, met en danger les secrets technologiques du F-35, un avion de chasse américain furtif dont l’armée turque a commandé plus de 100 exemplaires.

L’administration Trump a déjà décidé d’exclure la Turquie du programme F-35 après qu’elle a pris livraison des premiers S-400.

La Turquie est en outre sous la menace de sanctions américaines en vertu d’une loi adoptée en 2017 par le Congrès des États-Unis prévoyant des mesures punitives automatiques contre tout pays qui achèterait des armements russes.  

Mais un responsable américain avait affirmé en octobre qu’Ankara y échapperait s’il choisissait de ne pas activer les systèmes russes.

Les dirigeants turcs ont répété ces dernières semaines que les S-400 seraient utilisés.