Le président Donald Trump a nommé vendredi procureur général des États-Unis William Barr, un juriste républicain ayant déjà occupé cette fonction au début des années 90 sous la présidence de George H. W. Bush.

Il remplacera Jeff Sessions, que le président a limogé brutalement en novembre faisant craindre une reprise en main de la très sensible enquête russe.

« Il est respecté par les républicains et par les démocrates », a justifié M. Trump. « C'est l'un des juristes les plus respectés du pays et un des meilleurs esprits juridiques », a-t-il ensuite tweeté.

La nomination de William Barr, 68 ans, doit encore être confirmée par un vote du Sénat, conformément à la Constitution. Compte tenu des vacances parlementaires, il est peu probable qu'il entre en fonction avant l'année prochaine.

Dans les rangs républicains, l'enthousiasme était de mise. Qualifiant ce choix d'« exceptionnel », le sénateur Lindsey Graham a loué un homme « de la plus haute intégrité ». Son collègue Orrin Hatch a souligné « sa vaste expérience et sa finesse de jugement ».

Les démocrates étaient plus circonspects. Le sénateur Richard Blumenthal a évoqué ses « commentaires suggérant qu'il est plus intéressé à courtiser Trump qu'à analyser objectivement les lois et les faits ». Son confrère Patrick Leahy a lui aussi parlé de « commentaires récents troublants ».

Le Sénat, en partie renouvelé lors des élections du 6 novembre, comptera 53 républicains sur 100 à la rentrée, ce qui devrait assurer la confirmation de William Barr.

« Confiant »

En attendant, l'intérim au département de la Justice est assuré par Matthew Whitaker, soupçonné en raison de propos passés d'être en mission commandée pour rogner les ailes du procureur spécial Robert Mueller.  

M. Mueller, un ancien chef de la police fédérale (FBI) devenu bête noire du président, est chargé notamment d'établir s'il y a eu ou non collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump lors de la présidentielle de 2016. Il semble en voie de boucler son enquête.

William Barr connaît bien Robert Mueller, dont il a été le chef quand il était ministre de la Justice de George H. W. Bush de 1991 à 1993. M. Mueller dirigeait alors la direction des affaires pénales du département.

M. Barr avait loué le choix de le nommer procureur spécial de l'enquête russe en mai 2017, se disant « confiant » sur le fait que M. Mueller « ne laisserait pas l'enquête dégénérer en chasse aux sorcières sans fin ».

Quelques mois plus tard, il regrettait toutefois que des membres de l'équipe Mueller aient fait des dons à des candidats démocrates.

« Rien de mal »

Diplômé de l'université de Columbia, William Barr a notamment travaillé pour l'agence de renseignements CIA et des tribunaux de la capitale fédérale avant de se mettre au service du président H. W. Bush.

Après l'élection du démocrate Bill Clinton, il était parti dans le secteur privé, notamment au service de l'opérateur américain de télécoms Verizon. Il travaillait dernièrement pour un grand cabinet d'avocats new-yorkais.

Il commentait régulièrement l'actualité et certains de ses propos ont suscité des interrogations dans les rangs démocrates.  

Il a notamment soutenu le limogeage du chef du FBI James Comey par Donald Trump : « Je trouve assez compréhensible que l'administration ne souhaite pas un directeur du FBI qui ne respecte pas les limites établies de son pouvoir. »

Il avait également défendu l'appel du milliardaire à l'ouverture d'une enquête sur sa rivale démocrate à la présidentielle Hillary Clinton. « Il n'y a rien d'intrinsèquement mal à ce qu'un président demande une enquête », avait-il déclaré, alors que la Constitution prévoit une stricte séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire.

Conformément à une opinion en vogue dans certains milieux conservateurs, il estime qu'il y a davantage de raisons d'enquêter sur les liens présumés entre Mme Clinton et la vente d'une mine d'uranium, que sur une éventuelle collusion entre le Kremlin et le candidat Trump.

Heather Nauert ambassadrice à l'ONU

M. Trump a également confirmé vendredi la nomination de Heather Nauert, ancienne journaliste de la chaîne Fox News, comme ambassadrice des États-Unis à l'ONU en remplacement de Nikki Haley.

Mme Nauert, propulsée l'an dernier porte-parole de la diplomatie américaine alors qu'elle n'avait aucune expérience politique préalable, est une femme « très talentueuse » et « très intelligente », a déclaré M. Trump depuis la Maison-Blanche.

« Je pense qu'elle sera respectée par tout le monde », a ajouté le président des États-Unis.

Diplômée en journalisme de l'université de Columbia à New York, cette femme de 48 ans a fait ses armes à la télévision sur la chaîne ABC et surtout à Fox News.  

Si sa nomination est confirmée par le Sénat, elle va retrouver New York, où siège l'ONU et où elle continuait de faire la navette depuis Washington pour rejoindre son mari et ses deux enfants.

Des diplomates des Nations unies ont confié à l'AFP espérer que Mme Nauert se ferait l'avocate de l'ONU auprès de Donald Trump, afin de contre-balancer l'hostilité que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, développe à l'égard de l'institution multilatérale.

L'ambassadeur de France aux Nations unies a de son côté espéré poursuivre avec Mme Nauert un partenariat « étroit et confiant ».  

« J'espère que Heather Nauert pourra, comme Nikki Haley, servir de pont entre Washington et l'ONU, à un moment où nous avons plus que jamais besoin d'une Amérique engagée avec l'ONU dans les affaires du monde et au service de nos valeurs partagées, à commencer par les droits de l'homme », a déclaré François Delattre.

Figure centrale de l'équipe Trump, Nikki Haley avait annoncé sa démission début octobre, à la surprise générale.

Cette fille d'immigrés indiens, à qui l'on prête régulièrement des vues sur la Maison-Blanche, avait alors assuré qu'elle ne serait pas candidate à la présidentielle de 2020 et qu'elle soutiendrait Donald Trump.

Photo MANDEL NGAN, archives Agence France-Presse

Heather Nauert