Donald Trump a salué vendredi le début de restitution par Pyongyang des dépouilles de militaires américains tombés pendant la guerre de Corée, qui lui offre une bouffée d'oxygène au moment où Washington peine à prouver que son rapprochement spectaculaire avec Kim Jong-un porte ses fruits.

«Je veux remercier le président Kim pour avoir tenu parole», a lancé le président des États-Unis à la Maison-Blanche.

Quelques heures plus tôt, en ce 27 juillet qui marque le 65e anniversaire de l'armistice qui a mis un terme au conflit de 1950-1953, un avion militaire américain avait embarqué à Wonsan, en Corée du Nord, 55 réceptacles contenant des dépouilles pour les transférer sur la base d'Osan, en Corée du Sud. Soit nettement moins que les 200 initialement escomptés par l'administration américaine.

Le vice-président américain Mike Pence a annoncé qu'il se rendrait à Hawaï le 1er août pour les accueillir lors d'une cérémonie solennelle avant le début d'un laborieux travail d'identification des dépouilles dont rien ne garantit, à ce stade, qu'elles appartiennent toutes à des militaires américains.

Le dirigeant nord-coréen s'était engagé, lors de son sommet historique du 12 juin à Singapour avec le président américain, à «retrouver les dépouilles des prisonniers de guerre et des soldats portés disparus», et à «rapatrier immédiatement ceux qui ont déjà été identifiés».

Un processus qui s'annonce complexe, puisqu'il reste encore «quelque 5300 Américains qui ne sont jamais rentrés à la maison» et que les opérations sur le terrain au Nord doivent permettre de retrouver, selon la Maison-Blanche.

Donald Trump s'est dit «sûr» que Kim Jong-un «continuera à respecter cette promesse, alors même qu'ils sont en train de chercher, chercher et chercher».

Dès les jours qui ont suivi le sommet, la restitution des premières dépouilles avait été présentée comme imminente côté américain. Mais les discussions se sont révélées plus difficiles que prévu.

«Renforcer la confiance»

La reprise du processus de rapatriement, qui avait connu une première étape entre 1990 et 2005, intervient juste après autre signe de bonne volonté de la part du régime de Kim Jong-un: le début du démantèlement de sa principale base de lancement de satellites.

Deux gestes salués avec insistance par Donald Trump.

La restitution des dépouilles, «un acte humanitaire», «est évidemment un pas dans la bonne direction», a insisté vendredi son ministre de la Défense Jim Mattis. Et même s'il n'a aucun lien avec l'enjeu crucial de la dénucléarisation nord-coréenne, «cela crée un environnement positif» pour la concrétisation «d'autres choses, plus importantes en termes de diplomatie internationale», a-t-il ajouté.

Car dans les faits, les négociations patinent sur l'avenir de l'arsenal nucléaire de la Corée du Nord.

«La restitution des dépouilles est importante et peut être considérée comme une mesure visant à renforcer la confiance», estime l'ex-diplomate Michael Fuchs, du think tank Center for American Progress. Mais c'est un geste facile pour «donner l'impression de faire des concessions dans les négociations plus globales».

Or, toutes les mesures annoncées jusqu'ici par Pyongyang «sont réversibles et aucune ne touche au coeur du sujet, les armes nucléaires nord-coréennes», met-il en garde sur Twitter, soulignant que le démantèlement de sites n'a pas été «observé par des inspecteurs et donc vérifié».

Malgré la poursuite des tractations, les modalités et le calendrier du démantèlement «complet» du programme nucléaire de Pyongyang demeurent inconnus.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a d'ailleurs été longuement interrogé par les sénateurs lors d'une audition mercredi. S'il a reconnu que le régime reclus continue de produire des matériaux fissiles, il n'a pas souhaité répondre, en public, à la question de savoir s'il poursuit carrément le développement de son programme nucléaire.

Quant au calendrier, Washington souffle le chaud et le froid.

Après avoir réclamé une dénucléarisation qui démarre «très rapidement», Donald Trump a récemment assuré que rien ne presse et qu'il «n'y a pas de date butoir». Mais face aux sénateurs, Mike Pompeo a réaffirmé que l'objectif américain était une dénucléarisation avant la fin du mandat du président républicain, fin 2020, voire «plus rapide si possible».

«Nous sommes engagés dans une diplomatie patiente, mais nous ne laisserons pas cela s'éterniser sans résultat», a-t-il prévenu.

Sans totalement rassurer.

«Je pense qu'à ce stade, l'administration Trump est en train de se faire rouler», lui a répondu le sénateur démocrate Ed Markey.