De Londres à New York, de West Palm Beach à Berlin en passant par Paris, des milliers de personnes ont à nouveau manifesté samedi contre le décret anti-immigration de Donald Trump.

C'est à Londres que la manifestation a été la plus importante, avec quelque 10 000 personnes, selon une estimation du Guardian. Elles s'étaient rassemblées en fin de matinée devant l'ambassade des États-Unis à l'appel de plusieurs organisations antiracistes, pacifistes ou opposées aux mesures d'austérité et ont pris ensuite le chemin de Trafalgar Square, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non au racisme !», «Non à Trump !», «Trump à la poubelle !».

Outre le décret --qui interdit l'entrée aux États-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans mais dont l'application a été bloquée vendredi soir par un juge fédéral -- les organisateurs dénonçaient la «collusion» entre la première ministre conservatrice Theresa May et le milliardaire, qu'elle a invité à effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni courant 2017.

Plus d'1,8 million de signataires d'une pétition en ligne demandent que la visite d'Etat de M. Trump soit ramenée au rang de simple visite, afin d'éviter à la reine «l'embarras» d'une rencontre protocolaire avec le milliardaire américain.

À Berlin et à Paris, ils étaient environ un millier à dénoncer le décret, dont l'application a été bloquée vendredi soir par un juge fédéral de Seattle.

Dans la capitale allemande, les manifestants se sont retrouvés Porte de Brandebourg, où se trouve également l'ambassade des États-Unis.

Statue de la Liberté égorgée

Certains brandissaient le dernier numéro de l'hebdomadaire Der Spiegel, avec en une Donald Trump dessiné en train de porter la tête de la statue de la Liberté égorgée.

«J'espère qu'ils vont changer quelque chose, mais je suis vraiment déçue. Cela reste une discrimination et je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'aller (aux États-Unis), même s'ils modifient» le décret, a expliqué Mahsa Zamani. Cette étudiante en médecine iranienne devait partir faire un stage dans un hôpital en Floride avant que le décret, qui cible notamment les ressortissants iraniens, ne soit promulgué le 27 janvier.

À West Palm Beach, en Floride, où M. Trump passe le week-end avec sa famille, deux mille personnes ont défilé samedi soir à proximité de sa résidence de Mar-a-Lagore.

«Ce n'est pas mon président»

Les services secrets ont cependant empêché les manifestants de s'approcher de la «Maison-Blanche d'hiver», ainsi que l'ont rebaptisée, dans une surprenante formule, les conseillers du président.

Scandant «Ce n'est pas mon président» et brandissant des pancartes «Pas d'interdiction pour les musulmans, pas de mur», ils entendaient également protester contre le grand projet de construction d'un mur à la frontière mexicaine.

À Washington, plusieurs centaines de personnes, portant souvent le bonnet rose devenu l'un des symboles de l'opposition au nouveau président américain, ont également manifesté dans une ambiance bon enfant, marchant depuis la Maison-Blanche jusqu'au Congrès.

À New York, où les manifestations anti-Trump sont devenues quasi-quotidiennes, quelque 3000 personnes ont répondu à l'appel de la communauté homosexuelle pour témoigner de leur solidarité avec les musulmans et toutes les communautés qui pourraient être affectées par le décret promulgué le 27 janvier.

C'est la première fois depuis la prise de fonctions du milliardaire le 20 janvier que la communauté gaie new-yorkaise, soutenue par de nombreuses personnalités politiques locales, organisait une grande manifestation anti-Trump.

Les manifestants s'étaient rassemblés autour de Stonewall Park, lieu emblématique de la lutte pour les droits de la communauté homosexuelle au coeur de Greenwich Village.

Brandissant drapeaux arc-en-ciel et drapeaux américains, une foule colorée reprenait en choeur des slogans devenus des refrains des manifestations anti-Trump: «Résistez» ou «Pas de haine! Pas de peur! Les réfugiés sont les bienvenus!».