Le travail de deux amateurs têtus a contraint les Marines à rouvrir le dossier de la mythique photo des soldats levant le drapeau américain sur l'île japonaise d'Iwo Jima, pendant la Seconde Guerre mondiale.

La photo qui montre des soldats levant à bout de bras un petit mât d'où flotte la bannière étoilée est l'une des plus célèbres images de la Seconde Guerre mondiale.

Prise en février 1945 par le photographe de l'Associated Press Joe Rosenthal, elle a été reproduite un nombre incalculable de fois, et a inspiré le monument en l'honneur des Marines au cimetière militaire d'Arlington dans la capitale fédérale américaine.

Mais un travail minutieux de comparaison des photos prises sur ce jour-là semble démontrer une erreur d'identification de l'un des six soldats de la photo.

Le soldat John Bradley, qui a bien participé aux terribles combats sur l'île, et à un premier lever de drapeau sur la même montagne plus tôt dans la journée, ne serait pas l'un des soldats visibles sur la photo.

Trop de détails d'habillement ne concordent pas entre le cliché historique et les autres photos où John Bradley est bien identifié, selon les deux historiens amateurs, dont le travail a été repris par la très sérieuse chaîne de télévision Smithsonian Channel.

«Au vu de l'information fournie par le Smithsonian Channel, qui a utilisé des technologies de numérisation avancée pour examiner les prises de vues de la bataille, le corps des Marines a décidé d'étudier leurs améliorations d'images, analyses de films, et conclusions», ont indiqué les Marines dans un communiqué.

La photo originale était instantanément devenue célèbre, figurant en une du New York Times deux jours après avoir été prise par Joe Rosenthal.

Le photographe n'avait pas pu noter le nom des soldats, et l'identification des soldats n'avait été menée qu'ensuite, non sans mal.

Le fils de John Bradley, James Bradley, avait écrit un livre célèbre, Flags of Our Fathers (devenu un film de Clint Eastwood), racontant notamment la tournée douce-amère aux États-Unis de John Bradley et deux autres soldats, devenus vedettes sans l'avoir cherché.

Après avoir dans un premier temps refusé de croire que son père, décédé en 1994, n'était pas sur la photo, John Bradley estime désormais que les deux historiens amateurs ont raison, selon le New York Times.

Selon l'Omaha World Herald, le quotidien qui avait le premier en novembre 2014 publié une enquête sur leur travail, les deux amateurs sont Stephen Foley, un Irlandais qui s'était penché sur les photos pour s'occuper quand il était immobilisé par une hernie, et Eric Krelle, un Américain d'Omaha qui gère un site sur les Marines à ses heures perdues.