Les motivations de l'auteur de la fusillade à Chattanooga n'étaient toujours pas claires dimanche, mais les enquêteurs ont découvert un message troublant et sa famille a affirmé que le jeune homme de 24 ans qui a tué cinq personnes souffrait de dépression.

Mohammad Youssuf Abdulazeez, 24 ans, a tué jeudi quatre membres des Marines et un autre militaire avant d'être abattu par la police à Chattanooga, ville d'environ 165 000 habitants du Tennessee (sud).

Le jeune homme né au Koweït, diplômé en ingénierie de l'université du Tennessee en 2012 et admirateur de sports de combat, habitait dans une banlieue tranquille.

Les autorités, qui n'excluent pas un possible acte de «terrorisme intérieur», tentent de mieux cerner sa personnalité et s'intéressent notamment à un déplacement en Jordanie de ce jeune homme qui n'était pas particulièrement surveillé.

Suite à ce voyage, certains amis du jeune homme avancent qu'il est revenu changé, sans montrer non plus de signes évidents de radicalisation, selon le New York Times. Des membres du FBI sont en relation avec les autorités jordaniennes pour en savoir plus sur ses déplacements lors de ce voyage.

Les enquêteurs épluchent également les données de ses ordinateurs, téléphone et comptes sur les réseaux sociaux pour savoir s'il n'aurait pas été en contact avec des organisations extrémistes durant son séjour en Jordanie, ou s'il ne se serait pas rendu dans des pays limitrophes comme la Syrie.

Selon le quotidien new-yorkais, les enquêteurs se penchent aussi sur un message qui pourrait avoir été envoyé par le tireur à un ami quelques heures avant la tuerie. Le texte comprendrait un verset islamique disant: «Quiconque fait preuve d'hostilité à l'égard d'un de mes amis, je lui déclare la guerre».

L'ami qui a reçu ce message a été interrogé.

Mohammad Youssuf Abdulazeez semblait avoir ouvert un blogue qui ne contenait pas d'éléments montrant une radicalisation ni de menaces. Il n'avait eu affaire à la police qu'une fois, lorsqu'il a été arrêté en avril pour conduite après consommation de drogue ou d'alcool et il devait passer devant le tribunal pour cette incartade le 30 juillet.

Horrible crime

Samedi, la famille de Mohammad Youssuf Abdulazeez a par ailleurs affirmé qu'il souffrait de dépression «depuis de nombreuses années». «Cela nous attriste au plus haut point de savoir que sa douleur s'est traduite par cet abominable acte de violence», a écrit la famille dans un communiqué cité par un journaliste de la radio NPR.

«La personne qui a commis cet horrible crime n'était pas le fils que nous connaissions et aimions», ajoute-t-elle, en présentant ses condoléances aux familles des victimes et en assurant qu'elle allait continuer à coopérer avec la justice.

«Pour le moment, il n'y a aucune indication que son geste ait été motivé ou commandé par qui que ce soit», a précisé Ed Reinhold, l'agent du FBI en charge de l'enquête.

Si Mohammad Youssuf Abdulazeez n'avait pas été repéré par les autorités, son père, Youssuf S. Abdulazeez, né en Palestine, avait lui un temps fait l'objet d'une surveillance après avoir donné de l'argent à des associations apparentées au Hamas, groupe islamiste que les États-Unis classent parmi les organisations terroristes.

Son père semblait aussi avoir des antécédents de violence et sa mère avait fait une demande de divorce en 2009, qu'elle a ensuite abandonnée, se plaignant d'être battue régulièrement par son mari.

Jeudi, Mohammad Youssuf Abdulazeez s'est attaqué d'abord à un bureau de recrutement des Marines avant de se diriger vers un centre de réservistes. Là, muni de plusieurs armes, il a tué cinq militaires et a blessé un recruteur des Marines et un policier.

Le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, a approuvé vendredi des mesures visant à «renforcer la protection» des installations militaires et plusieurs États ont pris des dispositions en ce sens.

Ainsi, les gouverneurs de l'Oklahoma, du Texas, de l'Arkansas, de Floride, de l'Indiana et de Louisiane ont décidé d'autoriser les personnels de la Garde nationale à porter des armes sur les bases dans leurs États et dans les centres de recrutement, ce qui n'était pas autorisé jusqu'à présent.

L'Utah, où cette disposition a déjà été adoptée l'an dernier, va examiner des mesures supplémentaires.