Une plainte en diffamation a été déposée mardi par une responsable de l'Université de Virginie mise en cause dans un article du magazine Rolling Stone racontant l'histoire, par la suite discréditée, d'un viol qui avait secoué les États-Unis.

Nicole Eramo, doyenne adjointe pour les affaires étudiantes, demande réparation à hauteur de 7,85 millions de dollars, au magazine américain, à la journaliste Sabrina Rubin Erdely et à la société éditrice Wenner Media, pour un article qui a «causé tant de tort à moi comme à tant d'autres», dit-elle dans un communiqué de presse.

Dans sa plainte déposée au tribunal de Charlottesville, Mme Eramo, responsable de conseiller les étudiants victimes de viols et qui avait reçu «Jackie», la victime décrite dans l'article, accuse le magazine de l'avoir présentée «comme la méchante en chef de l'histoire».

L'article affirmait que Mme Eramo avait tenté «de convaincre Jackie de ne pas porter plainte, qu'elle était indifférente aux accusations de Jackie» et qu'elle «n'avait rien fait» pour y répondre, indique la plainte en affirmant que ces accusations sont «absolument fausses».

Le magazine, qui avait publié cet article en novembre 2014, a depuis rétropédalé en présentant ses excuses et en le retirant de son site.

Un rapport de la prestigieuse école de journalisme de l'université de Columbia, réalisé à la demande de Rolling Stone, avait analysé «l'histoire d'un échec journalistique qui était évitable, un échec qui englobe le reportage, la relecture, la supervision éditoriale et la vérification des faits» ayant conduit à ce fiasco retentissant du magazine icône de la pop-culture.

L'article de 8000 mots relayait des accusations portées par «Jackie», une jeune fille qui affirmait avoir été victime d'un viol collectif en 2012 à l'université de Virginie lors d'une fête dans une «fraternité», l'une de ces associations d'étudiants dans les campus américains.

Sa publication avait créé une onde de choc, provoqué des manifestations d'étudiants ainsi que la suspension des «fraternités» de l'université, ravivant un débat national sur les viols dans les campus et la sécurité des jeunes filles.

La police avait ouvert une enquête. Mais la véracité du drame avait été rapidement mise en doute, notamment après une investigation du Washington Post.

En mars, la police avait estimé n'avoir pas réuni assez d'éléments pouvant confirmer l'existence de ce viol collectif, suspendant le dossier, sans le refermer.