Barack Obama reçoit vendredi le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, en quête d'aide des États-Unis pour lutter contre une nouvelle flambée de violences meurtrières dans son pays, deux ans après le départ des derniers soldats américains.

La dernière fois qu'il avait reçu M. Maliki à la Maison-Blanche, le 12 décembre 2011, le président américain, élu sur la promesse de mettre fin à l'engagement militaire dans le pays, avait affirmé que «nous sommes parvenus à un Irak qui se gouverne tout seul (...) et qui a un potentiel énorme».

A la même époque, il avait parlé de «réussite extraordinaire» de son pays en Irak et assuré qu'après presque neuf ans d'occupation, «nous laissons derrière nous un État souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple».

Cet optimisme semble déplacé deux ans plus tard, au moment où les attentats ensanglantent quotidiennement l'Irak, théâtre de niveaux de violence inédits depuis 2008. Plus de 5400 personnes ont péri depuis le début de l'année dont au moins 720 en octobre, en dépit d'opérations militaires d'envergure et de mesures de sécurité renforcées.

Pour l'ancien ambassadeur américain en Irak, James Jeffrey, ces violences «pourraient mettre le pays en pièces si Maliki et les États-Unis n'agissent pas rapidement».

Depuis son arrivée mercredi à Washington, M. Maliki a multiplié les rencontres avec l'exécutif, dont au Pentagone, et les élus du Congrès. Jeudi, il a plaidé pour que la communauté internationale mène une «troisième guerre mondiale» contre le «virus» Al-Qaïda.

M. Obama lui consacre vendredi un entretien dans le Bureau ovale à 14h10, suivi de courtes déclarations à la presse.

Jeudi, le porte-parole de la présidence a reconnu une «augmentation de la violence» en Irak que les États-Unis «condamnent de la façon la plus ferme». Mais Jay Carney a affirmé qu'Al-Qaïda échouerait dans ses tentatives de «provoquer des cycles de représailles religieuses».

«Influence pernicieuse» de l'Iran

Un responsable du département d'État avait expliqué la veille que son pays avait l'intention d'aider l'Irak à lutter «de manière efficace» contre Al-Qaïda, y compris en fournissant des équipements militaires, comme requis par M. Maliki.

«Les Irakiens nous ont demandé des systèmes d'armement (...) Nous soutenons ces requêtes et nous travaillons très étroitement avec le Congrès là-dessus», a ajouté ce diplomate américain, refusant d'entrer dans les détails.

Le principe d'une aide accrue à l'Irak en matière de sécurité est soutenu par d'influents sénateurs républicains et démocrates. Mais mercredi, ces derniers ont critiqué M. Maliki, un chiite, lui attribuant la responsabilité partielle de la reprise des violences par sa «politique sectaire et autoritaire».

Ces «poids lourds» du Sénat ont aussi exigé de M. Obama qu'il fasse comprendre à M. Maliki que «l'influence pernicieuse de l'Iran au sein du gouvernement irakien constitue un problème sérieux dans notre relation bilatérale».

Selon eux, Téhéran utilise notamment l'espace aérien irakien pour convoyer du matériel militaire au profit des forces du régime de Bachar al-Assad en Syrie, pays en proie à une guerre civile qui menace de déborder dans l'ouest de l'Irak voisin. M. Maliki a réaffirmé jeudi la neutralité de son pays dans ce conflit.

Jeudi soir, le porte-parole de M. Maliki, Ali Moussaoui, a qualifié les discussions jusqu'ici menées par le premier ministre à Washington, notamment avec le vice-président Joe Biden, de «sérieuses et fructueuses».

Selon la Maison-Blanche, M. Biden, plus particulièrement chargé du dossier de l'Irak par M. Obama depuis 2009, «a réaffirmé l'engagement des États-Unis à équiper (militairement) les Irakiens pour combattre Al-Qaïda».

«Tous ceux que (M. Maliki) a rencontrés ont assuré qu'ils seraient solidaires de l'Irak, pour aider l'Irak à combattre le terrorisme en Irak et dans la région», a assuré M. Moussaoui, évoquant les demandes de l'Irak pour des livraisons d'armes et d'avions de combat F-16.