Des milliers de personnes ont défilé samedi à Washington, soutenus par le ministre de l'Éducation et des élus, pour exiger un renforcement de la législation sur les armes à feu, six semaines après le massacre d'écoliers à Newtown, qui a eu l'effet d'un électrochoc.

Les manifestants, qui se sont ensuite rassemblés au coeur de la capitale fédérale américaine à quelques encablures du Capitole et de la Maison-Blanche, ont exhorté le Congrès et le gouvernement du président Barack Obama à agir «maintenant pour le contrôle des armes» et à «stopper la NRA», la National Rifle Association, le tout puissant lobby des marchands d'armes.

«Nous devons agir, agir et agir et non plus parler. Au nom du président Obama et du vice-président (Joe Biden), nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire passer une législation qui renforce la sécurité de nos enfants, de nos familles et de nos communautés», a lancé le ministre de l'Éducation Arne Duncan.

Il a raconté que lorsqu'il était à la tête du réseau des écoles publiques de Chicago dans les années 1990 et 2000, «nous enterrions toutes les deux semaines un enfant victime d'une arme à feu».

«Cela doit changer (...), notre pays mérite mieux que cela», a lancé le ministre, très applaudi par des milliers de personnes qui avaient défilé en silence pendant une demi-heure en brandissant de simples pancartes blanches portant le nom d'un proche victime d'une arme à feu ou des photos d'enfants tués.

Parmi les manifestants se trouvaient notamment des proches des victimes de la tragédie de Newtown (Connecticut), qui avait coûté le 14 décembre la vie à 20 enfants et six adultes, tués par un déséquilibré lourdement armé dans leur école.

Dans un froid polaire, d'autres Américains rappelaient l'évidence sur leurs bannières: «Mes enfants sont plus importants plus que vos armes».

Adrienne Leff a raconté à l'AFP comment son beau-frère avait été «abattu de 15 balles» la veille de Noël à Washington, simplement parce que ses agresseurs «en voulaient à son portefeuille»: «Les gens n'ont pas de raison de porter ce genre d'armes dans les rues».

88,8 armes pour 100 habitants

Le maire de la capitale américaine, Vincent Gray, en pointe pour la réglementation sur les armes, est venu réclamer à la tribune que l'on «fasse quelque chose pour que chacun soit protégé de gens irresponsables et irrationnels qui traversent nos villes et nos États avec des armes auxquelles ils ne devraient pas avoir accès».

Quelque 270 millions d'armes sont détenues aux États-Unis, soit 88,8 armes pour 100 habitants et 32 163 personnes sont mortes par balle en 2011, soit 10,3 décès pour 100 000 habitants.

Après le drame de Newtown, le président Obama a signé à la mi-janvier 23 décrets et proposé au Congrès des mesures contre la violence par armes à feu. Il a spécialement chargé son vice-président de ce dossier ultrasensible politiquement.

Les démocrates ont présenté jeudi un texte qui interdirait la vente, la fabrication et l'importation de nouvelles armes semi-automatiques de type militaire. La vente et le transfert de chargeurs de plus de dix balles seraient aussi prohibés. Des vérifications d'identité et d'antécédents judiciaires seraient obligatoires pour les ventes d'armes d'assaut restées légales.

Mais l'opposition à tout changement de la loi dépasse le clivage entre républicains et démocrates, dans un pays où 40% des Américains possèdent une arme à feu, et où les pères fondateurs ont amendé la Constitution pour en garantir le droit.

Les sondages montrent une opinion publique divisée sur les armes d'assaut.

«Nous savons que le combat sera difficile, mais que nous le remporterons», a assuré Molly Smith, directrice artistique d'un théâtre de Washington et co-organisatrice de la manifestation.