Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks qui doit passer en cour martiale en septembre, a vécu des conditions d'emprisonnement qui «devraient choquer la conscience» de la cour, a dénoncé jeudi son avocat lors d'une audience préliminaire.

Le jeune soldat de 24 ans accusé d'avoir diffusé de nombreux dossiers militaires secrets a vécu des conditions d'emprisonnement très sévères et «illégales» durant neuf mois à la prison militaire de Quantico, en Virginie (est), a affirmé l'avocat, David Coombs, lors de l'audience sur la base militaire de Fort Meade (Maryland, est).

Bradley Manning avait été placé sous surveillance maximale, résultat d'un «ordre direct» d'un officier approuvé par deux colonels, alors que les expertises psychiatriques n'avaient pas décelé de risque de suicide, selon son avocat.

D'autres cas ont pu révéler des excès, mais «celui-ci devrait choquer la conscience de cette cour», a ajouté David Coombs.

Après ces neuf mois passés à l'isolement entre juillet 2010 et avril 2011, qui avaient déclenché la colère des défenseurs des droits de l'homme, le jeune Manning avait été transféré à la prison de Fort Leavenworth au Kansas (centre). Il a alors bénéficié de conditions de détention moins sévères après avoir été examiné par des psychiatres.

La juge Denise Lind a accepté la demande de la défense que le directeur de la prison de Fort Leavenworth de l'époque, le lieutenant-colonel Dawn Hilton, vienne témoigner devant la cour martiale le mois prochain. Elle a en revanche refusé de convoquer le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture.

Le soldat est accusé d'avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan et 260.000 dépêches du département d'Etat. L'organisation créée par Julian Assange les avait ensuite mis en ligne, déclenchant une tempête dans la diplomatie mondiale.

Bradley Manning risque la prison à vie.