La sueur coule dans leur cou à grosses gouttes, imbibant leur combinaison de travail orangée. Et pour cause: le mercure atteignait 35 degrés, hier après-midi au Maryland, où une trentaine d'équipes d'Hydro-Québec ont été dépêchées pour prêter main-forte à leurs collègues de la Baltimore Gas and Electric Company (BGE).

Les violents orages de vendredi et dimanche derniers ont lourdement endommagé le réseau électrique du Maryland, mais aussi de la Virginie-Occidentale, de l'Ohio et de l'Illinois. Hier soir, quelque 900 000 foyers étaient toujours privés de courant, dont un peu moins de 100 000 clients de la BGE.

Heureusement pour la dizaine de monteurs de lignes québécois déployés dans un quartier huppé de Baltimore, hier, de magnifiques arbres centenaires leur procuraient de l'ombre. Ce sont pourtant ces mêmes arbres qui ont causé d'importants dégâts au réseau électrique, en se brisant sous la force des vents.

«On travaille sur un réseau qui est assez endommagé, explique Daniel Dumas, coordonnateur des mesures d'urgence sur place pour Hydro-Québec. Il y a des fils par terre, des poteaux brisés, des appareils de protection à réenclencher. Nous, on s'occupe de la distribution, de rétablir le courant aux maisons.»

«Magnifique!», s'exclame dans un français hésitant Bill Berry, qui habite la maison voisine de celle derrière laquelle les travailleurs québécois s'affairent. L'arrivée des camions bleus ornés du logo jaune d'Hydro-Québec est toujours appréciée des citoyens privés de courant, qui offrent souvent de l'eau et l'accès à leur salle de bains aux employés en sueur. «On apprécie tellement l'aide de nos voisins du Nord. Vous n'étiez pas obligés de venir, j'imagine que vous avez vos propres problèmes», poursuit-il en anglais.

« Le beau rôle »

«C'est sûr qu'on a le beau rôle, concède Daniel Dumas, on n'a pas à porter l'odieux d'annoncer aux gens qu'ils devront se passer de courant pour encore quelques jours.»

La BGE estime être en mesure de rebrancher tous ses abonnés d'ici à dimanche. «Il y a toujours 8000 cas à résoudre, explique Steve Goad, directeur des opérations terrestres de la BGE. Et plus on progresse, plus on s'attaque à des problèmes qui touchent un petit nombre de clients. Sauf que ça exige autant d'efforts que pour les problèmes qui concernent 10 000 clients.»

Les équipes d'Hydro-Québec devraient rester sur place jusqu'à la fin de la semaine, à moins d'une urgence au Québec. «Le nombre d'équipes qu'on envoie dépend des besoins qu'on a chez nous. En ce moment, il y a beaucoup de nouveaux raccordements, d'employés en vacances. On repartira s'il le faut», dit Daniel Dumas.

Le prêt d'effectifs entre les sociétés d'électricité de la Nouvelle-Angleterre est régi par le Groupe d'entraide du Nord-Est (NEMAG, pour North-East Mutual Aid Group) et tous les coûts sont pris en charge par l'entreprise qui sollicite l'aide des autres. Avec des journées de travail de 16 heures, sans jour de repos, le déploiement est exténuant pour les travailleurs, mais aussi payant, puisqu'ils sont rémunérés à 180% de leur salaire habituel.

La BGE peut compter sur l'aide de quelque 1200 monteurs de lignes venus de la Floride, de la Pennsylvanie, du New Hampshire, du Connecticut, du Michigan, de l'Ontario et du Québec.