S'il n'en tient qu'à Jean-François Copé, secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), tous les citoyens français devront prêter «allégeance aux armes de la France» lorsqu'ils atteignent l'âge de 18 ans. Et les ressortissants étrangers qui sont naturalisés devront en faire autant en recevant leurs nouveaux papiers.

Le chef du parti de la majorité a déclaré il y a quelques jours que la personne qui prêterait serment s'engagerait concrètement à combattre pour la France «si les circonstances l'exigent».

M. Copé a expliqué que cette mesure - qui figure dans les propositions de l'UMP en vue du prochain scrutin présidentiel - vise à souligner que la nationalité française donne des droits, mais comporte aussi des devoirs.

«C'est un honneur de devenir français. Je fais mienne la devise de John Fitzgerald Kennedy: «Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande-toi plutôt ce que tu peux faire pour ton pays»», a dit Copé. Il a précisé que Nicolas Sarkozy sera libre de retenir ou non cette nouvelle mesure dans son programme électoral, en 2012.

Le Parti socialiste a reproché à Copé de pratiquer un «patriotisme de la peur» plutôt qu'un «patriotisme du coeur».

«L'UMP n'a décidément pas confiance dans les valeurs républicaines. Tous les droits et les devoirs sont dans la déclaration. C'est un réflexe de peur que de vouloir toujours en rajouter», a déclaré le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.

Courtiser le Front national?

Marielle Sarnez, numéro 2 du Mouvement démocrate, formation centriste, a pour sa part accusé Jean-François Copé de courtiser l'électorat du Front national. «Je vois bien qu'il y a une partie de la droite qui va toujours chercher quelques voix à l'extrême droite», a-t-elle déclaré.

La dirigeante du FN, Marine Le Pen, s'est quant à elle moquée de l'annonce de l'UMP: «L'américanisation, qu'est-ce qu'on aime ça, chez Sarkozy! Ils vont bientôt nous sortir la Bible pour que l'on fasse le serment dessus!»

Même des élus de droite ont exprimé leur malaise: «L'idée est bonne, mais il faut travailler la sémantique», a dit le ministre de la Défense nationale, Gérard Longuet.

À la conférence de presse hebdomadaire de son parti, Copé a rétorqué que beaucoup de ses collègues à Paris ne se rendent pas compte «de ce que ressentent profondément» leurs compatriotes à ce sujet. Il a reconnu qu'il pourrait être opportun de parler «d'engagement de loyauté» ou «d'engagement solennel» plutôt que «d'allégeance».

Défenseurs de l'armée

Le dirigeant de l'UMP espère embarrasser le Parti socialiste en évoquant des questions de défense nationale et les liens de la population avec l'armée.

Il affirme que la gauche, sous l'influence notamment des écologistes, réduira les budgets des forces françaises si elle obtient la présidence l'année prochaine. La droite, martèle-t-il, n'acceptera pas que les dépenses militaires deviennent «la variable d'ajustement des contraintes budgétaires» au risque de compromettre la sécurité du pays.

Les ténors de l'UMP et du gouvernement s'étaient déjà posés en défenseurs de l'armée, en juillet, après que la candidate présidentielle des verts, Éva Joly, eut proposé de remplacer le traditionnel défilé militaire du 14 juillet par un défilé «citoyen». «Cette dame n'a pas une connaissance très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises», avait dit le premier ministre François Fillon au sujet de Mme Joly, qui est d'origine norvégienne mais qui vit en France depuis une cinquantaine d'années.

«Je ne descends pas de mon drakkar!», avait-elle rétorqué.