Les négociateurs démocrates et républicains avaient jusqu'à minuit hier pour trouver un accord budgétaire et éviter une paralysie des services publics aux États-Unis. Dans les dernières heures d'une journée de récriminations publiques et de tractations privées, ils ont conclu une entente de principe sur des réductions budgétaires de 38,5 milliards de dollars cette année.

Le Congrès votera sur ce compromis de dernière minute la semaine prochaine. En attendant, le Sénat et la Chambre des représentants ont approuvé hier soir un «pont» financier qui permettra à l'État fédéral de poursuivre ses activités pendant six jours.

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Au début des négociations, les républicains réclamaient des coupes de 61 milliards de dollars pour les six derniers mois de l'exercice 2011, alors que les démocrates étaient prêts à accepter 33.

Les républicains ont par ailleurs renoncé à leur projet d'abolir les fonds fédéraux destinés au programme Planned Parenthood de planification familiale et d'aide médicale aux femmes démunies. Les conservateurs américains ciblent depuis longtemps Planned Parenthood, dont les cliniques offrent des services d'avortement.

«Je suis heureux d'annoncer que le Monument de Washington et l'ensemble du gouvernement seront ouverts demain», a déclaré Barack Obama, se félicitant de «la plus importante réduction annuelle des dépenses de l'histoire» lors d'une brève déclaration à la Maison-Blanche après 23h.

Une paralysie du gouvernement américain aurait entraîné la mise à pied temporaire de 800 000 fonctionnaires et créé d'importants désagréments au public. Dans des circonstances semblables, l'administration fédérale avait interrompu ses services non essentiels à deux reprises pendant un total de 26 jours à la fin de 1995 et au début de 1996. Sur le plan politique, ce blocage avait tourné à l'avantage du président Bill Clinton, qui s'opposait aux coupes budgétaires voulues par le président de la Chambre des représentants de l'époque, Newt Gingrich.

N'ayant sans doute pas oublié cet épisode, les négociateurs engagés dans le bras de fer de 2011 ont passé une bonne partie de la journée d'hier à se rejeter la faute d'une paralysie éventuelle.

«C'est une bataille idéologique qui n'a rien à voir avec l'intégrité fiscale de ce pays», a déclaré le démocrate Harry Reid, chef de la majorité au Sénat, hier matin.

Le sénateur du Nevada a affirmé que les démocrates et les républicains s'étaient entendus sur la hauteur de la réduction des dépenses publiques pour le reste de l'exercice 2011. Il a indiqué que le seul obstacle à une entente était l'abolition voulue par l'opposition républicaine des fonds fédéraux destinés à Planned Parenthood.

Mais le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants, a contesté en après-midi la version des négociations présentée par son vis-à-vis démocrate. Selon lui, l'impasse tenait d'abord et avant tout au refus des démocrates d'accepter de «réelles réductions budgétaires».

«Nous n'allons pas nous coucher et trahir les Américains comme cela a été vu de nombreuses fois ici à Washington», a déclaré le représentant d'Ohio.

En fin de soirée, John Boehner a exprimé sa satisfaction. «C'est la meilleure entente que nous pouvions obtenir», a-t-il déclaré aux membres de son groupe parlementaire.