Les États-Unis s'évertuaient vendredi à devancer un nouveau tourbillon de révélations par WikiLeaks, s'adressant à leurs alliés et partenaires partout dans le monde dans l'espoir de limiter l'impact de fuites potentiellement embarrassantes.

L'administration Obama avait annoncé dès mercredi que ses services diplomatiques avaient entrepris de préparer des gouvernements étrangers à la publication prochaine de documents secrets susceptibles de créer des «tensions» avec eux.

Dans un entretien sur CNN diffusé dimanche dont l'AFP a obtenu la retranscription, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, a estimé que les agissements de WikiLeaks étaient «extrêmement dangereux», notamment pour la sécurité des soldats américains, appelant les responsables du site à renoncer à ces révélations.

Washington, avait dit le département d'État, se prépare «au pire scénario» et s'attend à la publication de documents diplomatiques concernant «un large éventail de dossiers et de pays».

À Moscou notamment, le quotidien Kommersant a affirmé que les fuites comportaient des appréciations «désagréables» qui pourraient blesser Moscou.

Ces révélations «peuvent provoquer une brouille entre les États-Unis et la Russie», tout comme avec la moitié des pays de la planète, écrit le quotidien.

Mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a pris de haut ces informations, demandant aux journalistes qui l'interrogeaient sur ce dossier pourquoi ils s'intéressaient «à des petits voleurs qui courent sur l'internet».

À Rome, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini a été prévenu par Washington que des documents concernaient l'Italie.

Le Canada, dernier pays en date à réagir dans l'espoir de limiter les dégâts, a indiqué vendredi après-midi que son ambassade à Washington «s'occupe actuellement de cette question avec le département d'État».

À Bagdad, l'ambassadeur des États-Unis, James Jeffrey, avait affirmé plus tôt que sa mission était «inquiète» face à des révélations susceptibles de saper «des discussions de confiance».

Le site spécialisé dans la révélation de documents confidentiels a promis lundi de mettre en ligne sept fois plus de documents confidentiels que les 400 000 récemment publiés sur la guerre en Irak.

Les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan, contenaient peu de révélations d'importance, et celles émanant d'Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes.

Washington pourrait être plus embarrassé par la divulgation de documents rédigés par ses diplomates, en particulier s'ils mettent en cause des partenaires étrangers des États-Unis.

Selon le ministère finlandais des Affaires étrangères, l'ambassade américaine dans ce pays pense que cette publication allait être «la plus grave».

Selon un haut responsable israélien, Israël, dont Washington est le plus important allié, a été informé que ces fuites diplomatiques pourraient porter sur des rapports confidentiels adressés par l'ambassade américaine à des responsables israéliens.

À Ankara, un diplomate turc de haut rang a indiqué que la Turquie avait également été mise au courant.

Selon des informations de presse, les nouvelles révélations porteraient notamment sur une aide de la Turquie aux militants d'Al-Qaïda en Irak et un soutien des États-Unis aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), réfugiés en Irak.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a ensuite jugé qu'il serait «hors de question» de tolérer des actes terroristes «ayant la Turquie pour origine et visant un pays voisin». Il a aussi insisté sur «la coopération étroite» entre Washington et Ankara face au PKK.

Des responsables en Grande-Bretagne, en Norvège et au Danemark, ont aussi indiqué que leurs pays avaient été informés par les États-Unis.