Républicains et démocrates, président Obama en tête, se sont dit prêts mardi à travailler de concert sur la santé et l'emploi, mais ont restreint la portée de cet engagement en limitant les concessions envisagées pour débloquer ces grands dossiers au Congrès américain.

Trois semaines après une élection partielle qui a coûté aux démocrates leur «super-majorité» au Sénat, paralysant une série d'ambitieux projets législatifs du président, M. Obama avait convié les dirigeants républicains des deux chambres du Congrès à une réunion consacrée aux dossiers économiques et de l'emploi.

Le but était de montrer la bonne volonté de la Maison-Blanche à trouver des compromis avec l'opposition, au moment où la sortie de récession des États-Unis peine à se traduire en création de postes, avec un chômage toujours historiquement élevé de 9,7%.

«Il y a quelques secteurs où nous pouvons nous mettre d'accord et progresser, même si nous débattons avec force de quelques-uns des sujets sur lesquels nous ne sommes pas d'accord», a assuré M. Obama avant le début de cette réunion à laquelle assistaient les chefs des minorités au Sénat et à la Chambre, respectivement Mitch McConnell et John Boehner.

Après presque deux heures de discussions, les deux responsables ont reconnu qu'il existait quelques points de convergence avec M. Obama, en particulier sur des mesures comme le développement de l'énergie nucléaire, l'exploitation pétrolière et gazière au large des côtes américaines ou encore la conclusion d'accords de libre-échange.

M. McConnell n'a pas exclu un accord sur une série de mesures destinées à doper les embauches.

Mais fort d'une minorité de blocage de 41 voix au Sénat et à dix mois d'élections législatives à l'occasion desquelles les républicains espèrent des gains en sièges, le dirigeant a continué d'exiger l'abandon du projet de remise à plat du système d'assurance maladie.

«Il faut recommencer à zéro, écouter les Américains. (...) Pourquoi voudraient-ils continuer à faire progresser quelque chose qui est rejeté par les gens?», s'est-il interrogé, en réitérant sa méfiance vis-à-vis du «sommet» sur le sujet proposé par la présidence le 25 février.

«Nous ne sommes pas intéressés par une parade destinée à vanter des projets de loi ayant échoué et que les démocrates ne sont même pas en mesure de faire adopter», a renchéri le numéro deux des républicains à la Chambre, Eric Cantor, dans un communiqué.

Revenant à la charge lors d'une visite-surprise dans la salle de presse de la Maison-Blanche, M. Obama a énoncé sa conception d'une coopération entre les deux partis, «qui demande une volonté, tant de la part des démocrates que des républicains, de mettre de côté les intérêts du parti pour le bien du pays».

«Mais voici ce que j'ai dit à John Boehner et Mitch McConnell: la coopération entre partis ne peut pas vouloir dire que je crois à tout ce qu'ils croient ou veulent, et ils ne sont d'accord avec aucune des choses que je crois ou veux», a souligné le président.

«Je n'hésiterai pas à adopter une bonne idée de mes amis du parti minoritaire, mais je n'hésiterai pas non plus à condamner ce que je considère être une obstination qui prend sa source non dans des désaccords sur le fond mais des convenances politiques», a prévenu M. Obama.

«Je suis prêt à abandonner certaines des préférences de mon parti pour retrouver (les républicains) à mi-chemin, mais il faut aussi des concessions de leur côté. C'est vrai pour la santé; c'est vrai pour l'énergie; c'est vrai pour la réforme financière. C'est ce que j'espère voir se réaliser lors de ce sommet» fin février, a-t-il expliqué.