Deux anciens employés de la compagnie de sécurité privée Blackwater - aujourd'hui Xe - ont été arrêtés jeudi aux Etats-Unis pour avoir tué deux Afghans et blessé un troisième en mai 2009 à Kaboul, a-t-on appris auprès du ministère américain de la Justice.

Les deux hommes, âgés de 27 et 29 ans, ont été arrêtés respectivement au Texas et en Virginie jeudi, a précisé le ministère dans un communiqué.

Ils sont notamment poursuivis pour deux «meurtres sans préméditation» et pour une «tentative de meurtre», selon le texte de la plainte.

Les deux jeunes gens risquent la peine de mort.

Selon la plainte, les faits se sont déroulés à une intersection entre deux rues, dans la capitale afghane.

Elle précise que les deux hommes étaient des employés de Paravant LLC, une filiale de Xe (ancien Blackwater) qui entraînaient au maniement des armes l'armée nationale afghane pour le compte du ministère de la Défense.

Un porte-parole de Xe a assuré au Washington Post que l'entreprise avait «immédiatement et totalement coopéré à l'enquête du gouvernement sur ce tragique incident et mis fin au contrat la liant aux deux hommes pour violation des principes de la compagnie». Il a ajouté que Xe ne ferait pas d'autre commentaire.

Secouée par de nombreux scandales, la compagnie privée Blackwater avait quitté l'Irak et changé de nom début 2009 pour devenir «Xe (prononcez Zee) Services».

Le 31 décembre, un juge fédéral américain de Washington a abandonné les charges contre cinq anciens agents de sécurité de Blackwater, âgés de 24 à 29 ans, accusés d'avoir ouvert le feu sur la foule lors d'une mission pour le département d'Etat sur la place Nousour à Bagdad en septembre 2007.

Il s'agissait de l'une des plus sanglantes fusillades impliquant une compagnie de sécurité privée en Irak. Elle avait fait 17 morts, des civils irakiens non armés, selon le bilan de l'enquête irakienne, 14 selon celle des Etats-Unis, et une vingtaine de blessés.

Le Washington Post a affirmé jeudi soir que l'affaire avait été classée après que les avocats de quelque 70 Irakiens qui poursuivaient Xe ont indiqué que leurs clients avaient tous accepté un accord financier conclu en novembre avec l'entreprise.

«Nous nous réjouissons que l'accord original ait été avalisé par les plaignants», ont annoncé conjointement les avocats de Xe et des plaignants jeudi, dans un communiqué cité par le quotidien américain.

«Cela permet à la direction de Xe de faire aller l'entreprise de l'avant, sans les coûts et perturbations liés à un contentieux durable, et dédommage les familles irakiennes», ajoute le texte.

Après ce drame, le gouvernement irakien avait retiré la licence d'exploitation de Blackwater, la plus grande entreprise privée de sécurité utilisée par les Etats-Unis en Irak et dont les contrats s'élevaient à des centaines de millions de dollars par an.

Avec leurs convois sillonnant Bagdad à vive allure, leurs gardes ouvrant le feu en l'air pour se faire un passage dans les embouteillages et ses hélicoptères survolant sans cesse le ciel de Bagdad, Blackwater était devenu pour les Irakiens le symbole des agissements controversés des sociétés privées.

Parallèlement, des médias américains ont affirmé ces derniers jours que deux employés de Xe figuraient parmi les sept personnes (outre le kamikaze) tuées lors d'un attentat-suicide sur une base de la CIA dans l'est de l'Afghanistan le 30 décembre, soulignant la poursuite des liens entre l'agence de renseignement américaine et l'ex-Blackwater.