L'ancien «combattant ennemi» Ali Al-Marri a été condamné jeudi à Peoria (Illinois) à huit ans et quatre mois de prison pour «soutien matériel» au terrorisme, une peine équivalente au temps qu'il a passé en détention, sans procès, depuis son arrestation fin 2001.

Contre l'avis de l'accusation, le juge fédéral Michael Mihm a décidé de lui donner crédit des deux années qu'il a déjà passées dans des prisons de droit commun ainsi que des remises de peine correspondantes.

Il n'a en revanche pas tenu compte des quelque six années passées dans une prison militaire en tant que «combattant ennemi», sans procès, où M. Al-Marri affirme de plus avoir subi des mauvais traitements.

Les procureurs avaient requis la peine maximale de 15 ans de prison.

Le juge a estimé que M. Al-Marri risquait de «s'associer à nouveau avec les gens qui l'ont mené devant ce tribunal», justifiant ainsi le fait qu'il risquait de passer encore quelques années en prison.

M. Al-Marri, 44 ans, avait plaidé coupable en avril de soutien matériel au réseau Al-Qaïda. Il avait reconnu avoir été entraîné dans des camps terroristes au Pakistan entre 1998 et 2001 et y avoir rencontré Khalid Sheikh Mohammed, cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001.

Celui-ci lui avait demandé d'«entrer au Etats-Unis avant le 10 septembre 2001 en sachant qu'il y resterait pour une période indéterminée».

Il est accusé d'être un spécialiste en gaz toxiques, spécialement entraîné à leur utilisation et d'avoir cherché à se procurer du cyanure d'hydrogène, extrêmement toxique, une fois arrivé sur le sol américain.

Lors de l'audience précédant la condamnation, un de ses avocats Larry Lustberg avait plaidé pour une peine réduite, estimant que son client «n'était pas allé suffisamment loin dans sa mission (terroriste) pour mériter» une lourde condamnation.

Arrivé le 10 septembre 2001 aux Etats-Unis avec sa famille et un visa étudiant en règle, Ali Al-Marri avait été arrêté en décembre 2001 pour escroquerie à la carte de crédit. Il avait alors été placé en détention provisoire.

Mais à la veille de son procès, en 2003, le président George W. Bush l'avait déclaré «combattant ennemi», le considérant comme un agent dormant d'Al-Qaïda sur le sol américain.

Il avait alors été transféré dans une prison militaire, à Charleston (Caroline du Sud), où il a été enfermé à l'isolement et, selon lui, soumis à des interrogatoires musclés.

Mais aucune inculpation ne venant année après année, ses avocats avaient porté l'affaire devant la Cour suprême.

La plus haute juridiction des Etats-Unis avait accepté de répondre à la question de savoir si le président des Etats-Unis avait le pouvoir de détenir indéfiniment quelqu'un sur simple soupçon de terrorisme, sans inculpation ni procès.

Mais l'inculpation formelle de M. Al-Marri devant un tribunal de droit commun a été une des premières décisions du nouveau président américain Barack Obama. La Cour suprême s'est donc automatiquement dessaisie.