Depuis son élection, le 4 novembre, Barack Obama effectuait un parcours presque parfait, composant rondement son cabinet, présentant un plan de relance économique ambitieux et innovant au chapitre des communications avec un nouveau site internet (change.gov) et des allocutions hebdomadaires diffusées sur YouTube.

Les Américains étaient pour le moins impressionnés par le président désigné. Selon un sondage CNN diffusé au lendemain de Noël, pas moins de 82% d'entre eux approuvaient sa gestion de la longue transition qui doit le mener, mardi prochain, à sa prestation de serment et sa prise de fonctions.

 

«Jusqu'ici, sa transition était exemplaire, de par sa manière, son style et son approche», a déclaré à La Presse Charles Jones, chercheur à l'Institut Brookings et auteur de Passages to the Presidency, un ouvrage sur les transitions présidentielles de Richard Nixon, Jimmy Carter, Ronald Reagan et Bill Clinton.

Comme d'autres observateurs, cependant, Charles Jones est étonné par le dernier faux pas de l'équipe de transition de Barack Obama. Timothy Geithner, le candidat choisi par le futur président pour diriger le département du Trésor, a admis mardi avoir omis de payer 34 000$US d'impôts de 2001 à 2004.

Ces irrégularités fiscales concernent les cotisations pour la retraite et la couverture de santé de Geithner du temps où il travaillait au Fonds monétaire international. Âgé de 47 ans, l'actuel président de la Banque centrale de New York et vice-président du comité monétaire de la Fed a payé la plupart des impôts en retard quelques jours avant que le président désigné annonce sa nomination.

Tout en reconnaissant la gravité des «erreurs» de Geithner, les démocrates se sont dits confiants avant-hier de sa confirmation devant le Sénat. Barack Obama, de son côté, a réaffirmé hier son appui à celui qui succéderait à Henry Paulson.

«Il a consacré sa carrière à notre pays et l'a servi avec honneur, intelligence et distinction, a déclaré Robert Gibbs, porte-parole du président désigné. Ses états de service ne devraient pas être ternis par des erreurs commises de bonne foi et qu'il a rapidement réparées, une fois informé.»

Les républicains de la commission sénatoriale des Finances ont néanmoins réussi à repousser l'audition de Geithner au 21 janvier, soit au lendemain de l'investiture d'Obama comme 44e président des États-Unis.

Le futur secrétaire au Trésor occupera la première ligne dans la bataille contre la pire crise économique depuis les années 30.

D'autres faux pas

«Je dois dire que cette histoire me renverse, a déclaré Charles Jones lors d'un entretien téléphonique. Ce n'est pas le genre d'erreurs dont on s'attend de quelqu'un dans la position de Geithner, qui a travaillé pour la Fed à New York et qui connaît le système monétaire comme le fond de sa poche. Tout le monde dit qu'il est brillant, mais il n'est pas assez brillant pour payer tous ses impôts. Cela me surprend qu'on n'ait pas conclu que ses erreurs le disqualifiaient.»

L'équipe de transition de Barack Obama n'en est pas à son premier faux pas. Au début du mois, Bill Richardson a dû renoncer à sa nomination comme secrétaire au Commerce en raison d'une enquête visant une société en affaires avec l'État du Nouveau-Mexique dont il est gouverneur.

Le président désigné a en outre dû s'excuser auprès de son ancienne collègue Dianne Feinstein, présidente de la commission sénatoriale du renseignement, qui a appris par le biais des médias la nomination de Leon Panetta au poste de directeur de la CIA.

Malgré ces erreurs de parcours, Charles Jones «demeure très impressionné» par le travail de Barack Obama depuis son élection.

«Je pense encore aujourd'hui qu'il s'agit d'une transition les plus impressionnantes dont j'ai été témoin, a-t-il dit. Reste maintenant à savoir comment prendra fin l'histoire de Geithner.»