Le parlement de l'Illinois a commencé lundi l'examen des accusations de corruption portées contre le gouverneur de l'Etat, soupçonné d'avoir voulu vendre le siège de sénateur de Barack Obama, afin de décider d'une éventuelle procédure de destitution.

Le président de la chambre des représentants de l'Etat, Michael Madigan, a promis d'aller «aussi vite que possible» dans l'examen des accusations visant Rod Blagojevich, qui a été inculpé pour corruption.

Les parlementaires de l'Illinois devaient aussi se réunir en session extraordinaire à 22h00 locales pour discuter de l'organisation éventuelle d'une élection destinée à pourvoir le siège de sénateur de l'Illinois laissé vacant par le président élu, afin que son successeur ne soit pas désigné par M. Blagojevich.

La procédure de destitution peut en effet prendre des semaines, sinon des mois.

M. Obama a fait part de son soutien à l'organisation exceptionnelle d'une élection, mais son organisation pourrait elle aussi prendre des mois et certains démocrates de l'Etat craignent que le siège ne passe aux mains des républicains.

La ministre de la Justice de l'Illinois, Lisa Madigan, a parallèlement demandé vendredi à la Cour suprême de l'Etat de démettre M. Blagojevich, qui a refusé de démissionner.

M. Obama a indiqué qu'il tiendrait la liste des contacts que les membres de son équipe ont eus avec M. Blagojevich à la disposition de la justice.

Il a déclaré au cours d'une conférence de presse lundi qu'il rendrait publique cette liste la semaine prochaine «pour ne pas interférer avec une enquête en cours».

Mais il n'y a «rien dans la liste qui m'a été présentée qui contredise de quelque manière que ce soit mes déclarations antérieures, selon lesquelles cet état de fait affligeant que nous avons vu apparaître n'a aucun lien avec mes collaborateurs», a-t-il insisté.

Arrêté en début de semaine dernière avant d'être libéré sous caution, le gouverneur de l'Illinois a été confondu par des écoutes, autorisées par la justice, de discussions portant sur les bénéfices qu'il entendait tirer du fait que c'est le gouverneur qui nomme un sénateur américain quand un siège est vacant.

Le futur secrétaire général de la Maison Blanche, Rahm Emanuel, représentant de l'Illinois, aurait été en contact avec le gouverneur à propos de ce siège.

Le Chicago Tribune et le New York Times citaient ce week-end des sources affirmant que le futur secrétaire général de la Maison Blanche avait donné au gouverneur des noms de personnes pouvant y prétendre, mais sans lui offrir de contrepartie.

M. Emanuel s'est tenu à l'écart de la presse depuis que ce scandale a éclaté, mais a fait part de sa colère à un cameraman de la chaîne de télévision ABC. Ce dernier a rapporté que M. Emanuel s'était plaint auprès de lui de recevoir des menaces de mort après que la presse nationale eut divulgué son adresse.

Les accusations de corruption pesant sur M. Blagojevich sont multiples. Il aurait entre autres refusé de débloquer des fonds destinés à un hôpital pour enfants tant qu'il ne recevrait pas en échange 50 000 dollars en fonds de campagne.

L'exécutif de l'Etat «étudie les bases juridiques d'une procédure de destitution depuis environ un an», mais n'a pas jugé «opportun» de la lancer avant de recevoir les 76 pages de l'acte d'accusation jeudi, a expliqué Michael Madigan.

«Nous avons donné au gouverneur six jours pour démissionner», a déclaré M. Madigan au cours d'une conférence de presse. «Il a refusé de saisir l'occasion de présenter sa démission. Je pense qu'il est temps de nommer une commission d'enquête qui pourrait se conclure par sa destitution».

M. Madigan a cependant insisté sur la nécessité de «ne pas se précipiter pour juger» et de s'assurer que les droits du gouverneur sont respectés, dans ce qui s'apparente à un procès devant les membres du sénat de l'Etat.