Le président des États-Unis n'est pas élu au suffrage universel direct. Ce sont les 538 membres du collège électoral qui désignent le locataire de la Maison-Blanche, et il peut arriver que leur vote ne reflète pas celui de la population.

Dans une élection très serrée, un candidat peut ainsi recueillir le plus grand nombre de voix parmi la population, mais voir quand même son rival accéder à la Maison-Blanche à la faveur du vote des grands électeurs. Un phénomène rare qui s'est produit pour la quatrième fois de l'histoire des États-Unis lors du dernier scrutin présidentiel en 2000.

Au terme du feuilleton du «recomptage» en Floride, George W. Bush avait été élu avec 271 voix au Collège électoral, une voix de plus que la majorité requise de 270. Son adversaire, l'ancien vice-président démocrate Al Gore, avait pourtant remporté le vote populaire avec plus 539 000 voix d'avance. Du jamais vu depuis 1888.

Une telle distorsion est rendue possible par le système du «winner takes all» («le vainqueur rafle tout»), en vigueur dans tous les États à l'exception du Nebraska et du Maine: le candidat arrivé en tête dans un État obtient tous les grands électeurs qui y sont en jeu.

Chaque État a droit à autant de grands électeurs que d'élus au Congrès, soit au minimum trois et jusqu'à 55 (pour la Californie). Le district de Columbia n'est pas oublié: il en désigne trois. Les candidats se concentrent sur les États les plus peuplés, qui sont les plus richement dotés en grands électeurs, et visitent donc rarement l'Alaska ou l'Idaho.

Un candidat pourrait ainsi gagner largement dans de grands États, mais son adversaire remporter une série de victoires étriquées dans des États plus petits de façon à obtenir une majorité de grands électeurs.

Les grands électeurs se réunissent dans les capitales des États le 15 décembre pour voter. Ils sont censés voter pour un candidat donné, mais il est arrivé que certains en choisissent un autre. En 1988, par exemple, un grand électeur du candidat démocrate Michael Dukakis lui a préféré son colistier Lloyd Bensten.

Les bulletins sont envoyés au président du Sénat, le vice-président Dick Cheney. Le 6 janvier, les deux Chambres du Congrès se réunissent pour compter les voix et annoncer officiellement le nom du président qui remplacera George W. Bush le 20 janvier 2009 à midi.