Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté jeudi une résolution unanime pour mobiliser contre la progression foudroyante de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qualifiée de «menace pour la paix et la sécurité internationales».

C'est la première fois que le Conseil qualifie ainsi une urgence sanitaire et la troisième fois seulement qu'il se prononce sur une crise de santé publique, après des résolutions sur le Sida en 2000 et 2011.

La résolution 2177, co-parrainée par 131 pays - un autre record -- proclame que «l'ampleur extraordinaire de l'épidémie d'Ebola en Afrique constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales».

Le Conseil appelle les États membres «à fournir une assistance et des ressources d'urgence» aux pays affectés par la maladie, en premier lieu la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia: hôpitaux de campagne, médecins et infirmières, capacités logistiques et de transport aérien médicalisé...

Avant de voter, le Conseil avait entendu un émouvant appel à l'aide d'un infirmier libérien de Médecins sans frontières, Jackson Naimah. «Nous avons besoin de votre aide et nous en avons besoin maintenant», avait-il lancé. «S'il vous plaît, envoyez-nous des hélicoptères, des centres de soins, des lits d'hôpitaux et du personnel qualifié».

«J'ai l'impression que l'avenir de mon pays est en danger», a encore déclaré Jackson Naimah, dont une nièce et un cousin, tous deux infirmiers, sont morts de la maladie fin juillet. «Nombreux sont mes amis proches, mes camarades de l'université et mes collègues qui sont morts ces derniers mois».

La résolution demande aussi de «lever les restrictions aux déplacements et aux frontières imposées en raison de l'épidémie» et aux compagnies aériennes et maritimes de maintenir leurs liaisons avec les pays affectés.

Plusieurs compagnies aériennes ont décidé de ne plus desservir les pays touchés et certains des voisins de ces pays ont fermé leurs frontières.

Ces restrictions, souligne la résolution, «concourent à isoler davantage les pays touchés et à saper leurs efforts pour faire face» à l'épidémie.

Le système onusien dans son ensemble doit «accélérer son intervention» en réponse à l'épidémie, ajoute le texte.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé devant le Conseil la création en Afrique de l'Ouest d'une mission de terrain chargée de coordonner la réponse à la progression d'Ebola.

Cette Mission pour la réponse d'urgence à Ebola (United Nations Mission for Ebola Emergency Response - UNMEER) aura son quartier général dans la région mais pas dans l'un des trois pays les plus touchés par la maladie (Liberia, Sierra Leone, Guinée). Elle aura cependant des antennes dans ces trois pays.

Les Nations unies, qui estiment avoir besoin de près d'un milliard de dollars sur une période de six mois pour juguler l'épidémie, vont aussi créer un fonds pour recueillir les contributions des gouvernements.

«La maladie progresse plus vite que la réponse» et le nombre de cas double toutes les trois semaines, a souligné M. Ban. L'épidémie «détruit aussi les systèmes de santé» des pays touchés, perturbe transports et services essentiels et fait grimper les prix des denrées de première nécessité.

Pour le Dr David Nabarro, le coordinateur de l'ONU pour Ebola, il faudrait que la réponse de la communauté internationale soit «20 fois plus forte qu'elle ne l'est en ce moment» pour stopper la «progression exponentielle» du virus.

Selon la directrice générale de l'OMS Margaret Chan, il s'agit «du plus grand défi jamais relevé par l'ONU et ses agences en temps de paix».

Selon les derniers chiffres de l'OMS, la fièvre hémorragique Ebola a fait 2.630 morts en Afrique de l'Ouest sur 5357 cas.

«Nous espérons que le débat d'aujourd'hui va susciter une réponse de la communauté internationale qui soit à la hauteur de la vitesse et de l'intensité» de l'épidémie, a déclaré le ministre libérien des affaires étrangères Augustine Kpehe Ngafuan.

Une réunion ministérielle sur Ebola doit se tenir le 25 septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.