Le virus Ebola qui a fait plus de 1500 morts en Afrique de l'Ouest depuis le printemps n'a pour le moment pas connu de mutation catastrophique, selon une nouvelle étude génétique. Publiées aujourd'hui dans la revue Science, ses données offrent la meilleure chance de trouver des médicaments efficaces contre cette terrible maladie, qui emporte jusqu'aux trois quarts des personnes atteintes.

«Nous avons identifié 300 mutations jusqu'à maintenant», explique l'un des auteurs de l'Étude, Stephen Gire de l'Université Harvard. «Aucune ne semble avoir donné au virus une capacité plus grande d'infecter des patients ou de les tuer, fort heureusement. Mais c'est une question de temps pour que cela arrive. Il faut espérer que les médicaments qui pourront être tirés de notre base de données génétique, la plus importante sur l'Ebola, arriveront à temps.»

Cinq chercheurs, parmi la soixantaine d'auteurs de l'étude, sont morts du virus avant la publication de l'étude. L'épidémie est la plus importante de l'histoire: le record précédent, établi en 1976, avait fait 10 fois moins de cas.

Détails sur la propagation

Les chercheurs américains ont profité de structures diagnostiques qu'ils avaient établies ces dernières années à la Sierra Leone, justement pour analyser le plus rapidement possible les mutations génétiques de l'Ebola. Ils ont pu déterminer que le virus y a pénétré en mai lors de funérailles d'une guérisseuse traditionnelle qui se rendait en Guinée - où l'épidémie a commencé - pour y traiter des patients.

Quatorze femmes qui ont assisté aux funérailles ont contracté l'une des deux souches du virus Ebola portées par la guérisseuse. Une troisième souche est apparue par la suite chez une infirmière qui avait été en contact avec l'une des patientes présentes aux funérailles. L'infirmière a transmis cette troisième souche à un camionneur avec qui elle avait voyagé dans une autre ville, qui a lui-même infecté d'autres personnes d'un village.

Détail intéressant, la première patiente identifiée, une femme enceinte ayant assisté aux funérailles, a survécu à la maladie et ne l'a transmise à personne de son village d'origine. Les enquêteurs du ministère de la Santé de la Sierra Leone ont par contre identifié 13 autres femmes ayant contracté la maladie aux funérailles, qui elles, l'ont propagée.

Pourquoi cette épidémie est-elle la plus importante de l'histoire? «Probablement parce qu'il s'agit de la première fois où Ebola peut prendre racine dans une région fortement peuplée», dit M. Gire.

Les chercheurs américains veulent maintenant obtenir des échantillons génétiques qui proviennent de la Guinée et du Liberia et tester les kits diagnostiques pour confirmer qu'ils fonctionnent bien avec toutes les mutations de l'Ebola.