La chancelière allemande Angela Merkel a continué à faire pression jeudi sur la Russie en excluant tout allègement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.

Ces déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine en présence de Mme Merkel et du président français François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4700 morts depuis avril.

«Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité», a déclaré Mme Merkel, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk en visite à Berlin.

Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des «groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien».

Le ministre ukrainien de la Défense Stepan Poltorak a estimé jeudi que 7500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass.

«D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées», a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle «crucial» de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.

«Les sanctions américaines et européennes ont grandement contribué à rendre la Russie plus souple», a-t-il estimé devant un groupe d'experts allemands.

Alors que les pourparlers de paix entre le Groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan.

Cette date reste toutefois encore à confirmer «après les discussions prévues dans les prochains jours», a précisé Mme Merkel.

Un entretien téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.

«L'Ukraine n'est pas seule»

«Les discussions se poursuivent aux niveaux politique et technique», a confirmé le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Mme Mogherini a noté «des signes limités mais positifs du côté russe ces dernières semaines», mais «nous sommes loin» de voir appliqués les accords de Minsk, a-t-elle estimé.

Ces déclarations d'Angela Merkel, dirigeant européen le plus respecté par Vladimir Poutine, et de l'UE réaffirment le soutien à l'Ukraine, alors que la Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole.

Le pays est entré en récession en novembre (-0,5%) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.

L'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5% et une monnaie dévaluée de 50%, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.

Mais le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée jeudi par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.

«L'Ukraine n'est pas seule. L'Europe se tient unie aux côtés de l'Ukraine et soutient le programme de réforme de son nouveau gouvernement», a affirmé le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.

Cette aide doit toutefois encore être approuvée par les États membres de l'UE et le Parlement européen, et sera soumise à la mise en oeuvre de réformes et à la poursuite du programme du Fonds monétaire international (FMI).

Une équipe du FMI est arrivée jeudi à Kiev pour une mission d'évaluation à la suite de laquelle l'Ukraine espère obtenir trois tranches dans le cadre d'une aide de 17 milliards de dollars accordée au printemps.