Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a affirmé mercredi que Kiev avait connaissance de plans de la Russie visant à arrêter le transit de gaz russe vers l'Europe cet hiver, provoquant un démenti de Moscou.

«La situation dans le secteur de l'énergie (en Ukraine) est difficile. Nous connaissons les plans de la Russie de bloquer le transit (de gaz), même vers les pays de l'Union européenne», a assuré M. Iatseniouk lors d'une réunion gouvernementale, sans donner plus de précisions.

«Et pour cette raison, les entreprises (européennes) ont reçu l'ordre d'accumuler autant de réserves de gaz que possible dans leurs dépôts sur le territoire européen», a-t-il ajouté, accusant Moscou de vouloir «couper l'Ukraine de toutes les ressources énergétiques».

Ces déclarations interviennent au lendemain d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko à Minsk en présence de représentants de l'Union européenne, dont le commissaire européen à l'Énergie Günther Oettinger.

«C'est tout simplement absurde! Mieux vaut laisser ces déclarations sans commentaire» a réagi, le porte-parole du géant russe Gazprom Sergueï Kouprianov, contacté par l'AFP.

Vladimir Poutine a en outre annoncé mercredi après sa rencontre avec M. Porochenko à Minsk que les deux pays entendaient «reprendre le dialogue sur les questions énergétiques, y compris sur la question du gaz».

La Russie a coupé en juin ses approvisionnements de gaz à l'Ukraine en raison d'impayés et de désaccords persistants sur le prix.

«C'est une question complexe qui se trouve dans une impasse. Mais il faut tout de même en discuter. Nous avons convenu que nous allons reprendre les consultations», a indiqué M. Poutine.

«Nous ferons tout notre possible pour assurer l'exécution de nos obligations contractuelles envers les importateurs européens, quelle que soit la situation politique actuelle», a pour sa part déclaré le ministre russe de l'Énergie Alexandre Novak.

«Nous sommes totalement ouverts à un dialogue constructif avec toutes les parties concernées, y compris avec les représentants de l'Ukraine», a-t-il ajouté.

M. Novak a également espéré que les autorités ukrainiennes ne couperaient pas le transit de gaz russe par leur territoire, comme le leur permet une loi votée mi-août sur d'éventuelles sanctions contre la Russie.

«Je pense que si l'Ukraine agit raisonnablement, il n'y aura pas d'arrêt du transit» de gaz russe, a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax.

Près de la moitié des exportations de gaz russe vers l'Europe transitent par l'Ukraine. Ce transit avait subi des perturbations lors de précédentes «guerres du gaz» entre Moscou et Kiev en 2006 et 2009.