Les ventes d'armes ont bondi aux États-Unis depuis la fusillade de Newtown, par peur notamment d'une éventuelle interdiction prochaine des fusils d'assaut et de chargeurs de grande capacité.

Vingt enfants de six et sept ans et six femmes membres de l'encadrement ont été tués le 14 décembre par un assaillant armé notamment d'un fusil d'assaut dans l'école primaire Sandy Hook de Newtown, au Connecticut. Le tueur, un jeune homme de 20 ans, s'est suicidé.

«Tout de suite après, les militants anti-armes ont commencé à s'exprimer. Le président a demandé des mesures rapides, et cela a provoqué un engouement pour les achats» d'armes, explique à l'AFP Larry Hyatt, propriétaire d'un magasin d'armes à Charlotte, en Caroline du Nord.

L'augmentation des ventes d'armes est «plus intense parce que le président s'est exprimé dans les médias et a dit en substance "si vous voulez une arme, ce serait mieux de l'acheter maintenant"», estime M. Hyatt.

Le président américain Barack Obama a appelé le Congrès à voter une loi interdisant les fusils d'assaut et les chargeurs à grande capacité, et comblant les vides juridiques permettant d'acheter des armes sans vérification des antécédents de l'acheteur.

Autant de ventes en trois jours qu'en trois ans et demi

Or, depuis la tuerie de Newtown, la demande de chargeurs a atteint un niveau «sans précédent», avoue Peter Brownell, dont la société éponyme est le plus grand fournisseur mondial de munitions et d'accessoires, et a vendu en trois jours autant de chargeurs qu'en trois ans et demi.

Dans les zones rurales, les ventes d'armes ont aussi augmenté dans les foires aux armes, ont rapporté les journaux locaux un peu partout.

Environ 310 millions d'armes à feu sont en circulation aux États-Unis, soit environ une arme par habitant, et les Américains risquent 20 fois plus d'être tués par balle que dans d'autres pays développés.

Quelque 300 sociétés de fabricants d'armes et de munitions aux États-Unis se partagent le marché, qui génère 7 milliards de dollars de chiffre d'affaires chaque année.

«Crainte de nouvelles restrictions»

Phénomène plus marginal, la vente d'équipements de sécurité pour les enfants a aussi enregistré une hausse notable, dont un produit vedette: le cartable pare-balles. «Après la tragédie de Newtown, nos ventes sont dix fois plus importantes», a reconnu Richard Craig, directeur de la société Amendment II, du nom du deuxième amendement de la Constitution qui autorise le port d'armes.

En Floride, l'État qui compte le plus de personnes armées aux États-Unis, les magasins d'armes ont enregistré des ventes record après le drame et le cap du million de permis actifs de port d'armes a été atteint (sur 19 millions d'habitants).

«Il y a beaucoup de questions, pour savoir si nous avons des munitions, si nous avons encore des fusils d'assaut, et aussi sur les prix parce qu'ils ont grimpé depuis ce qui est arrivé», déclare à l'AFP Ramiro, propriétaire d'un magasin d'armes à Miami.

«Tout le monde achète des armes par crainte de nouvelles restrictions», renchérit Dave F. Johnson, propriétaire d'une enseigne d'armes à feu à Miami.

Le débat sur les armes reste vif.

La sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein, soutenue par plusieurs élus démocrates et des vedettes d'Hollywood, va présenter début janvier un texte qui bannit les armes d'assaut et les chargeurs de plus de 10 balles. Ceux d'Adam Lanza, le tueur de Newtown, pouvaient en contenir beaucoup plus.

Mais le puissant lobby des armes, la National Rifle Association (NRA), a exclu dimanche tout soutien à une réglementation, proposant en revanche de placer des policiers armés devant chaque école.