Le Yémen a affirmé mercredi avoir mis en échec un plan d'Al-Qaïda consistant à s'emparer de villes et d'installations pétrolières et à prendre en otage des étrangers, en pleine alerte à des menaces d'attaques anti-occidentales lancée par Washington.

Cette annonce intervient au lendemain de l'évacuation du Yémen de personnels diplomatiques des États-Unis et du Royaume-Uni, et le jour d'une nouvelle attaque au drone contre des membres d'Al-Qaïda au Yémen, la cinquième en 11 jours.

Selon le site internet américain Daily Beast, cette alerte a été lancée après l'interception d'une conférence téléphonique entre le numéro 1 d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, et des responsables de filiales du réseau au Maghreb, en Irak, au Pakistan ou encore dans le Sinaï égyptien.

Lors de cette conférence, un projet d'attentats a été évoqué en des termes vagues, ainsi que le fait que des équipes étaient déjà en place pour les perpétrer, selon la publication, qui cite trois responsables américains du renseignement sous couvert d'anonymat.

À Sanaa, les autorités ont affirmé avoir déjoué un plan dont «le principal objectif du plan était de prendre le contrôle des villes de Moukalla et Bawazir», ainsi que des installations pétrolières proches de Moukalla, selon un porte-parole du gouvernement, Rajeh Badi.

«En cas d'échec de l'attaque, les membres d'Al-Qaïda avaient prévu de prendre en otage les étrangers travaillant sur les installations pétrolières», dont une partie est gérée par des Canadiens, a-t-il ajouté.

Le plan a été déjoué samedi, deux jours avant le passage à l'action prévu par des membres d'Al-Qaïda, qui avaient prévu de se rendre sur les lieux en organisant une fausse manifestation de soldats chargés de la sécurité réclamant des primes.

À Washington, la porte-parole du Département d'État Jennifer Psaki a déclaré qu'il n'y avait «pas de raison de ne pas croire» l'annonce de Sanaa.

L'alerte de sécurité américaine avait entraîné la fermeture dimanche de l'ambassade américaine à Sanaa et dans de nombreux autres pays, essentiellement arabes, ainsi que des missions diplomatiques occidentales dans la capitale yéménite.

Les États-Unis ont également pressé tous leurs ressortissants au Yémen de «partir immédiatement».

Mercredi à l'aube, une nouvelle attaque de drone contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a tué sept activistes qui circulaient en voiture dans le sud du pays, a indiqué une source tribale. Les États-Unis sont les seuls à disposer d'appareils de ce type dans la région.

Il s'agit de la cinquième attaque par drone depuis le 28 juillet dans le sud, le sud-est et l'est de Sanaa. Au total, ces attaques ont fait 24 morts. Aqpa est considérée par les États-Unis comme la branche la plus active de la nébuleuse extrémiste.

Au cours de la conférence téléphonique d'évoqué par le Daily Beast, Ayman al-Zawahiri a désigné le chef d'Aqpa Nasser Al-Whaychi, basé au Yémen, comme son numéro deux, selon le site américain.

Dans un communiqué, l'ambassade yéménite à Washington a regretté les évacuations, estimant qu'elles servaient «les intérêts des extrémistes» et nuisaient «à la coopération exceptionnelle du Yémen avec ses alliés internationaux contre le terrorisme».

Londres a aussi placé sa marine marchande en état d'alerte maximum, et l'ambassade d'Allemagne est restée fermée mercredi et la France a prolongé la fermeture de sa chancellerie jusqu'au 11 août.

Les Pays-Bas et la Belgique ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Yémen «au plus vite», et l'Italie a mis en garde contre un «risque particulièrement élevé» d'enlèvement.

Les autorités yéménites, qui disent craindre aussi une infiltration dans la capitale de nombreux affiliés d'Al-Qaïda, ont renforcé leur dispositif de sécurité devant les ambassades occidentales, mais aussi les principaux bâtiments publics de la capitale.

«Les services de sécurité sont engagés dans une course contre la montre pour prévenir tout risque d'attentat dans la capitale», a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.