La Corée du Sud a promis samedi de venger la mort des deux soldats tués cette semaine par la Corée du Nord, à la veille de manoeuvres navales avec les États-Unis en mer Jaune, dénoncées par Pékin et qualifiées par Pyongyang de «provocation intolérable».

La cérémonie funèbre près de Séoul, solennelle et diffusée en direct par la télévision, a rassemblé de nombreux responsables politiques et militaires sud-coréens, ainsi que les familles des deux fusiliers marins, qui étaient âgés de 20 et 22 ans.

«Nous allons assurément venger votre mort», a déclaré Yoo Nak-Joon, chef d'état-major de la Marine sud-coréenne, devant les photos des deux soldats en uniforme, autour desquelles avaient été déposées des fleurs blanches.

Ils ont péri mardi dans le bombardement par Pyongyang de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, située en mer Jaune à proximité de la Corée du Nord.

Cette attaque d'ampleur inédite depuis la guerre de Corée (1950-1953) a également tué deux civils et provoqué des tirs de riposte de la part de l'armée sud-coréenne.

Pyongyang a promis samedi de «frapper sans pitié» à nouveau, en cas de violation de son espace souverain, notamment en mer Jaune, là où les États-Unis et leur porte-avions George Washington vont effectuer à partir de dimanche des manoeuvres aéronavales avec les forces de Séoul.

«Notre armée tient prêts les canons de son artillerie et si les envahisseurs osent faire intrusion sur notre territoire terrestre, aérien ou maritime, nous transformerons le coeur de nos ennemis en une mer de feu», a prévenu le Comité pour la réunification pacifique de la Corée, un organisme gouvernemental nord-coréen.

Les manoeuvres américano-sud-coréennes sont «une autre provocation militaire intolérable à notre encontre», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Pékin, principal soutien de la Corée du Nord dans le monde, s'est également dit opposé à l'organisation de ces manoeuvres, mettant en garde contre «toute action militaire non autorisée» au large de ses côtes.

Cet exercice «n'est pas pas dirigé contre la Chine», a répondu un porte-parole du Pentagone. «Ces opérations sont de nature défensive et destinées à renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord».

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a par ailleurs eu vendredi une conversation téléphonique avec son homologue chinois Yang Jiechi sur la tension dans la péninsule coréenne.

Les échanges de tir d'artillerie cette semaine en mer Jaune ont mis en exergue des carences dans les forces de Séoul et entraîné la démission jeudi du ministre de la Défense, remplacé le lendemain par un ancien chef d'état-major des armées, Kim Kwan-Jin, un officier réputé pour son sens du commandement.

«Le nouveau chef de la Défense a beaucoup de pain sur la planche», a prévenu samedi le journal Korea Joongang. «La crédibilité et les capacités de l'armée sont fortement remises en cause».

«Le gouvernement, la population et l'armée ont tous sous-estimé la puissance militaire de la Corée du Nord en raison de son économie exsangue», a analysé le Korea Joongang.

«On a réalisé que les troupes sur l'île de Yeonpyeong n'était pas équipées de façon adéquate pour répliquer efficacement à l'attaque meurtrière de l'artillerie du Nord», a également souligné le journal The Korea Herald.

«Le Sud doit s'assurer d'une puissance de feu écrasante et permettre à ses avions de combat de lancer des contre-attaques», a insisté le quotidien.

Le journal The Korea Times a aussi appelé à une «restructuration systématique de l'armée qui connaît une période de troubles».

«Sans encourager les soldats tout en réformant (l'armée), la nation encourt une répétition de l'humiliation face à l'aventurisme militaire de la Corée du Nord», a assuré le quotidien.