Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a averti dimanche que si les informations sur un agent double allemand travaillant pour les États-Unis étaient exactes, l'affaire devait être rapidement clarifiée.

«Si les informations sont exactes, ce ne sont pas des peccadilles», a dit dans un tweet Frank-Walter Steinmeier, actuellement en visite en Mongolie.

Il a aussi indiqué qu'il avait été demandé à Washington de faire la lumière sur cette affaire «aussi vite que possible», lors d'une rencontre entre le secrétaire d'État, Stephan Steinlein, et l'ambassadeur américain «convié» vendredi soir au ministère des Affaires étrangères à Berlin.

Le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière a aussi appelé les États-Unis à apporter une réponse «rapide et claire» à ces informations, selon des extraits d'une interview à paraître lundi dans le quotidien Bild.

Ces soupçons «pèsent très lourd et doivent maintenant être démêlés rapidement», a-t-il jugé. «L'enquête doit montrer ce qui est concrètement reproché à la personne soupçonnée», a ajouté le ministre conservateur.

L'agent, âgé de 31 ans, des services de renseignement allemands (BND), arrêté mercredi, travaillait depuis 2012 pour la CIA américaine, a affirmé la presse dimanche.

«Tous les indices montrent qu'il a travaillé pour les Américains», a affirmé un haut responsable du BND au journal Frankfurter Allgemeine am Sonntag (FAS).

Cet agent double aurait été chargé de recueillir des documents sur une commission d'enquête parlementaire allemande mise en place après des révélations d'espionnage présumé de l'agence de renseignement américaine NSA (Agence de la sécurité nationale).

Il aurait remis plus de 200 documents aux États-Unis en échange d'une somme de 25 000 euros (environ 36 200 $), selon la presse.

De son côté le président fédéral Joachim Gauck, dont les attributions sont essentiellement honorifiques, a estimé que si cette affaire était avérée, il fallait «dire: Maintenant ça commence à bien faire!». C'est «jouer avec l'amitié et avec un lien étroit» que d'avoir de telles pratiques, selon M. Gauck qui a vécu, comme Angela Merkel, une grande partie de son existence dans la RDA communiste où des millions de citoyens étaient espionnés.

En visite à Berlin où elle présente un livre, l'ancienne secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, a qualifié ces soupçons d'espionnage présumé d'«affaire sérieuse» tout en reconnaissant n'en être informée que par les journaux.

«Je crois fortement à la nécessité du partenariat et de l'amitié germano-américaine même si je sais qu'il y a eu des taches ces derniers mois», a-t-elle déclaré.

La chancelière, en déplacement en Chine, n'a pas directement réagi à cette affaire. Son porte-parole, Steffen Seibert, avait assuré vendredi que le gouvernement allait «attendre ce qui va sortir de l'enquête. S'il faut en tirer des conséquences, on en tirera, mais nous n'en sommes pas encore là (...) L'affaire est grave, c'est évident».

Les relations entre les États-Unis et l'Allemagne se sont tendues après des révélations faites par l'ex-consultant du renseignement américain, Edward Snowden, sur un vaste programme d'espionnage visant notamment ce pays, et le portable d'Angela Merkel.