Le président haïtien sortant a critiqué, mercredi, le Conseil de sécurité des Nations unies pour avoir été trop lent à transformer sa mission militaire de maintien de la paix en Haïti en mission de développement.

Dans son dernier discours devant le Conseil, René Préval a exhorté l'organe le plus puissant de l'ONU à reconsidérer l'efficacité de ses interventions en Haïti, «qui ont pratiquement mené à onze ans de présence militaire dans un pays qui n'a pas vécu de guerre».

Lors de la réunion, à laquelle assistaient le président de la Colombie, l'ancien président américain Bill Clinton et neuf ministres des Affaires étrangères d'Amérique latine et d'Espagne, M. Préval a affirmé qu'il était «triste» de souligner qu'en un quart de siècle, il a été le seul président haïtien à terminer deux mandats constitutionnels, et le seul «à ne jamais avoir été emprisonné ou contraint à l'exil».

René Préval a demandé au nouveau président élu, le chanteur populaire Michel Martelly, aux responsables législatifs et à l'opposition de travailler dans un esprit de paix et de coopération.

Mais il a surtout mis l'accent sur l'instabilité en Haïti, attribuable, selon lui, aux effets du «sous-développement» et à une culture de l'impunité qui remonte à l'époque de la dictature des Duvalier.

M. Préval a estimé que l'instabilité avait été aggravée par des ouragans meurtriers et par le séisme dévastateur de janvier 2010 qui, selon le gouvernement, a fait 316 000 morts et paralysé une bonne partie de l'économie.

M. Préval a souligné que depuis 1993, l'ONU a mené une série d'opérations de maintien de la paix en Haïti, rendues chaque fois nécessaires par «l'instabilité créée par les citoyens eux-mêmes». Cela a été particulièrement vrai en 2004, quand il y avait des possibilités d'affrontements entre des groupes lourdement armés, a-t-il dit.

Mais M. Préval a estimé que quand le danger de violentes confrontations est passé, «les opérations de maintien de la paix ne se sont pas adaptées assez rapidement à la nouvelle situation».

«Les chars, les véhicules armés et les soldats auraient dû céder la place aux bouteurs, aux ingénieurs, à plus d'instructeurs de police et à des experts de la réforme judiciaire et pénitentiaire», a dit M. Préval.

Le président sortant a dit souhaiter que la mission de maintien de la paix en Haïti soit réorientée, un point de vue soutenu par le président colombien Juan Manuel Santos, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil.