«Il n'y a plus de raison d'être ici», affirme le soldat Michael Bennet, alors que le contingent américain s'apprête à quitter progressivement Haïti, provoquant l'inquiétude chez les rescapés du puissant séisme du 12 janvier.

«Il n'y a plus de raison d'être ici», affirme le soldat Michael Bennet, alors que le contingent américain s'apprête à quitter progressivement Haïti, provoquant l'inquiétude chez les rescapés du puissant séisme du 12 janvier.

«Tout ce que je veux, c'est quitter cet endroit le plus vite possible» maintenant que la situation d'urgence est passée, affirme le jeune homme de 21 ans devant le camp de sinistrés haïtiens dont il contrôle les accès.

Au plus fort des opérations internationales d'aide humanitaire déclenchées dans le pays caribéen après le tremblement de terre qui a fait plus de 220.000 morts, plus de 20.000 soldats américains étaient sur place pour assurer les opérations de secours.

Mais alors que les efforts se tournent vers la reconstruction, plus d'un quart des 11.000 soldats américains encore présents doivent quitter la zone dans les prochains jours, a indiqué le commandement américain chargé des opérations militaires dans la zone (Southcom). Le navire-hôpital américain «Comfort», qui avait jeté l'ancre aux abords de Port-au-Prince depuis sept semaines, doit lui aussi regagner sa base à Baltimore, dans le Maryland (est des États-Unis).

Pour le soldat Jerald Griffin, 23 ans, ce départ est justifié car lui et ses collègues, qui assurent la sécurité d'un camp de sinistrés, en sont réduits «à tirer au sort qui sera de garde et à jouer aux cartes».

«C'était bien d'être ici, d'aider les autres. Je me suis senti beaucoup mieux avec moi-même parce que j'ai vraiment fait quelque chose de ma vie, aider les gens ici à Haïti», dit de son côté le soldat Fernando Rodriguez, 19 ans.

Assis sur une chaise près d'une citerne d'eau, son arme sur les genoux, le jeune homme se réjouit toutefois en pensant au départ, synonyme de retour au pays du «vrai cheeseburger».

Mais pour certains Haïtiens, surtout dans les camps abritant les 1,3 million de sans-abri, le départ des GI's est une source d'inquiétude.

Dans un magasin de fortune au milieu d'un camp construit sur un ancien terrain de golf, Lucien Samedi, 23 ans, dit ainsi craindre que «si les Américains s'en vont, il y ait beaucoup de problèmes après» en matière de sécurité.

«Je serai triste s'ils s'en vont parce qu'ils font beaucoup pour aider les gens ici, surtout en matière de sécurité», renchérit Natascha Sincère, 22 ans, tout en accrochant son linge sur un fil tendu entre deux tentes sous un soleil écrasant.

Milto Belfleur, 21 ans, appuyé sur des béquilles après avoir perdu sa jambe droite dans le séisme, estime pour sa part qu'il doit la vie aux médecins militaires américains.

«Les médecins militaires ont amputé ma jambe, m'ont donné des médicaments, ont nettoyé la blessure et m'ont donné ces béquilles», dit avec reconnaissance le jeune homme.

Mais le «Comfort» qui a soigné près de 900 personnes juste après le séisme, n'a plus accueilli de patients depuis plusieurs jours, faute d'Haïtiens à soigner.

Dans les rues du pays, les GI's continuent à ne pas passer inaperçus dans leurs Humvees couleur sable pour se fondre dans le décor en Afghanistan ou en Irak. Mais ils sont désormais largement dépassés en nombre par les véhicules aux couleurs des Nations unies et ceux des organisations humanitaires.

Signe supplémentaire que leur rôle dans les opérations de secours n'est plus aussi crucial, plusieurs soldats américains ont été vus en train de réguler la circulation au coeur de Port-au-Prince.