Une mère de famille de Montréal-Nord a tenté d'importer 1,5 kg de cocaïne à bord d'un avion de rapatriement en partance d'Haïti, a appris La Presse.

Carmélite Massenat, 52 ans, a été arrêtée dimanche à l'aéroport Montréal-Trudeau. Elle a été accusée le lendemain d'importation et de possession de cocaïne en vue d'en faire le trafic.

Hier, au palais de justice de Montréal, le juge Pierre Labelle a dit qu'elle avait fait preuve d'une «arrogance difficile à imaginer».

«Madame profite du désarroi d'une population entière et de l'aide qui lui est fournie, a déclaré le magistrat. En utilisant ce vol de rapatriement, ça lui donnait probablement l'espoir de voir les contrôles douaniers un peu moindres à son arrivée au Canada.»

Carmélite Massenat avait quitté Montréal le 7 février à destination de Punta Cana, en République dominicaine, avec en main un billet aller-retour pour un séjour d'une semaine.

Elle s'est plutôt rendue à Port-au-Prince, où elle est montée dans un avion affrété par Ottawa pour évacuer les Canadiens et leur famille. Passeport en main, elle a pu bénéficier du transport gratuitement, comme tous les autres ressortissants canadiens.

Connue des policiers

Sa présence à bord a mis la puce à l'oreille des autorités : Carmélite Massenat est connue de la police pour être une passeuse de drogue à la solde de groupes criminels montréalais. Elle avait été condamnée à trois ans de prison en 2001 pour importation de cocaïne. En 2006, les autorités françaises l'ont arrêtée alors qu'elle transportait 10 kg de cocaïne.

Quand elle est arrivée à Montréal, les douaniers l'ont fouillée et ont trouvé le paquet de drogue sous ses vêtements, collé dans le bas de son dos. La drogue est évaluée à plus de 120 000 $.

Lors de son interrogatoire, Carmélite Massenat a affirmé avoir reçu 5000 $ pour ce transport. Elle a également prétendu que des hommes armés l'avaient menacée à Port-au-Prince pour qu'elle passe la drogue. La preuve n'a pas révélé si elle disait vrai.

Son avocat, Me Yves Ménard, a demandé hier que sa cliente soit libérée jusqu'à la fin du processus judiciaire, faisant valoir qu'elle n'avait pas de cause en cours. Mme Massenat habite le même logement à Montréal-Nord depuis 21 ans.

Le juge Labelle a refusé de la libérer au motif que cela pourrait miner la confiance du public envers la justice. Carmélite Massenat doit revenir devant le tribunal le 25 février.

Cette affaire survient quelques jours après que le gouvernement Harper eut reconnu avoir rapatrié quatre criminels au Canada depuis le séisme. Trois d'entre eux se sont évadés de la prison de Port-au-Prince à la faveur du tremblement de terre.